Benjamin perronnet V5 - Flipbook - Page 55
19
Pierre Paul Prud’hon
Cluny 1758-1823 Paris
Le Serment ou Les monuments des anciennes amours
Plume et encre noire, lavis gris, rehauts de gouache blanche, sur papier brun Inscrit au pinceau et encre
grise et à la gouache blanche, en haut à droite ‘à Julie’
14,6 x 9,7 cm.
Provenance :
Peut-être, vente anonyme (A. M.), Paris,
16 mars 1857, lot 159 (“Le serment”).
Collection du Dr. Guérard en 1924 (selon J. Guiffrey).
Avec M.A. McDonald, New York
Bibliographie :
J. Guiffrey, L’œuvre de P.P. Prud’hon, Paris, 1924, pp. 412-3,
no. 1073, ill., pl. XXXI.
H. Weston, “Pierre-Paul Prud’hon, Jean-Jacques Rousseau et
la notion de vertu”, Actes du colloque Pierre-Paul Prud’hon
(1997), Paris, 2001, p. 43 昀椀g. 9.
Illustre la lettre XVII de la quatrième partie de
Julie ou la Nouvelle Héloïse, roman épistolaire
de Jean-Jacques Rousseau publié une première
fois en 1761 et qui relate la passion amoureuse
impossible entre Julie d’Étange, une jeune noble
suisse, et son précepteur, St Preux.
Dans la lettre XVII, ce dernier relate à son ami
Milord Edouard Bomston une promenade
où il montre à Julie une esplanade d’où il avait
pu l’observer lorsqu’elle lui avait demandé de
s’éloigner quelques années auparavant et où
il avait gravé sur le rocher le nom de son
amante. A la 昀椀n de son roman, Jean-Jacques
Rousseau a lui-même décrit précisément
comment illustrer la scène:
“(...) deux quartiers de rochers tombés
du haut et pouvant servir de table et de
siége doivent être presque au bord de
l’esplanade ; (...) dans la perspective des
côtes du pays de Vaud
qu’on voit dans l’éloignement, on
distingue sur le rivage des villes de
distance en distance (...).
C’est sur cette esplanade que sont Julie
et son Ami ; les deux seuls personnages
de l’Estampe. L’Ami posant une main sur
l’un des deux quartiers lui montre
de l’autre main et d’un peu loin des
caractères gravés sur les rochers des
. J. Gui昀昀rey, op. cit., n°1068, 1070-1072.
. N° 76, L’héroïsme de la valeur, collection privée.
3
. Vente anonyme, Paris, Hôtel Drouot, 10 juin 2022, lot 156; J. Gui昀昀rey, op. cit., n°1074.
1
2
55
environs. Il lui parle en même temps
avec feu ; on lit dans les yeux de Julie
l’attendrissement que lui causent ses
discours et les objets qu’il lui rappelle ;
mais on y lit aussi que la vertu préside,
et ne craint rien de ces dangereux
souvenirs”.
Aucune épreuve de la gravure d’après
ce dessin n’est connue et il ne semble pas
qu’elle fut réalisée, alors que Jacques-Louis
Copia a gravé d’après Prud’hon cinq autres
scènes de la Nouvelle Héloise. Elles semblent
avoir été destinées à une édition publiée
à Rouen en 1794 ou 1795, dont on ne conserve
aujourd’hui aucun exemplaire, puis à une autre
parue à Paris en 1804, dont on ne connaît
pas d’exemplaire avec les gravures.
Les épreuves connues des gravures n’existent
que détachées et séparées. Gui昀昀rey catalogue
quatre autres dessins préparatoires pour
les illustrations de la Nouvelle Héloise, tous
de mêmes technique et dimensions1, tandis
qu’une autre 昀椀gure à la grande rétrospective
Prud’hon de 1997-1998 au Grand Palais
et au Metropolitan Museum2.
Dans ses illustrations, Prud’hon se conforme
avec une assez grande 昀椀délité
aux recommandations de l’écrivain et réussit
à transposer les plus remarquables épisodes
du roman en des scènes ambitieusement
composées et très 昀椀nies, malgré leurs petites
dimensions.
Une étude préparatoire pour le présent dessin,
très rapidement esquissée, est récemment
passée en vente publique3 (Fig. 1).