Benjamin perronnet V5 - Flipbook - Page 12
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Jan Philipsz. van Bouckhorst
Haarlem circa 1588-1631
Énée et Anchise et pélican nourrissant ses petits.
Plume et encre brune, lavis brun et gris, traits d’encadrements à la plume et encre brune
Signé et daté à la plume et encre brune, sur le piédestal ‘JBHorst 1616’
27,1 x 10,7 cm.
Provenance :
Dr. N. Meyer (1775-1855), Brême (L. 1812).
L’œuvre dessiné de Bouckhorst, qui 昀椀t toute sa
carrière à Haarlem, est varié à la fois dans les
sujets et dans le style, re昀氀étant les in昀氀uences
de ses contemporains tels que Hendrik Goltzius
(1558-1617), Jacques de Gheyn II (1565-1629) et
Willem Buytewech (1591/92-1624).
L’artiste signe et date souvent ses dessins,
le plus ancien connu datant de 1612
et le plus tardif de 16291.
Ce dessin représente le héros troyen Énée
s’enfuyant de Troie en portant son père, comme
relaté par Virgile dans L’Énéide. En dessous est
représenté un pélican nourrissant ses petits
de ses propres entrailles. Bien que l’on
ne connaisse pas l’œuvre 昀椀nale pour laquelle
le présent dessin a servi d’étude,
Gert-Jan van de Sman a suggéré qu’il a dû être
exécuté pour un membre de la rederijkerskamer
«Trou moet Blijcken», connue sous le nom des
Pellicanistes, à Haarlem. Cette société
de gentilshommes intéressés par la poésie
et le théâtre a été fondée en 1503 et existe
encore aujourd’hui. Comme l’a observé Van der
Sman, la composition avec Énée portant son
père Anchise ainsi que le pélican nourrissant
ses oisillons se retrouve sur un blason peint
la confrérie par Frans Pietersz. de Grebber
(Fig. 1.). En outre, deux blasons pour «Trou
moet Blijcken», dessinés par Goltzius et
montrant la même composition avec le pélican,
ont été gravés par Jacob Matham2 (Fig. 2).
Ceci suggère que le présent dessin est
préparatoire à une œuvre destinée
à un membre de ‘Trou moet Blijcken’,
soit pour la ‘rederijkerskamer’ elle-même.
L’étrange forme rectangulaire du présent
dessin ainsi que la ligne horizontale au centre
font penser qu’il s’agit d’une étude pour
un petit vitrail. Si l’on connaît aujourd’hui aucun
vitrail dessiné par Bouckhorst, l’activité de
l’artiste dans ce domaine est bien documentée.
Un vitrail de sa main est reproduit dans une
gravure de Willem Outgertsz. Akersloot
(1600-circa 1651) d’après une fenêtre aujourd’hui
détruite à l’hôtel de ville de Haarlem, . qui
représentait le siège de Damiette.
La gravure a été publiée dans l’édition de 1628
de Beschryvinge ende Lof der Stad Haarlem
de Samuel Ampzing. L’auteur y fait l’éloge
de l’art de Bouckhorst :
Jan Bouchorst sal dijn naem niet
eeuwelijk beklijven? Wat sijt gy in de
konst van teyk’nen kloek, en vast! [...]
Het glas is broose waer: uw glasen
mogen breken Noch salmen nietemin
van Bouchorst altjd spreken:’4
[Jan Bouckhorst, ne se souviendra-t-on
pas toujours de votre nom ?
Vous êtes dans l’art de dessiner
avec audace et constance.
Le verre est fragile, vos verres peuvent
se briser. Mais on se souviendra toujours
de votre nom].
1
. M. Schapelhouman, Oude tekeningen in het bezit van de Gemeentemusea van Amsterdam waaronder de collecte Fodor. Tekeningen van Noord- en
Zuidnederlandse kunstenaars geboren voor 1600, Amsterdam, 1979, pp. 20-21.
2
. H. Lee昀氀ang et G. Luijten et al., Hendrick Goltzius (1558-1617). Tekeningen, Prenten en Schilderijen, cat. exp., Amsterdam, Rijksmuseum et autres lieux, 2003-2004,
p. 20, 昀椀g. 14.
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