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C E Q U I A TO U T D É C L E N C H É
Une nouvelle épicerie ouvre ses
portes dans notre municipalité sur la
Côte-de-Beaupré. C’est le week-end
d’ouverture et je suis impatiente de
la découvrir. Je me rends à l’épicerie
avec mon petit homme de six ans
même si, depuis un certain temps,
j’évite de sortir avec lui pour éviter
les crises.
Le comptoir des viandes, d’environ
25 pieds de long, est entièrement
vitré, exposant une variété de
coupes de viande. C’est à mon tour
de passer ma commande. Victor est
à mes côtés
— Bonjour madame !
— Bonjour. J’aimerais avoir un filet
mignon d’environ 8 onces et un
faux-filet d’une bonne épaisseur
pour le BBQ.
— Avec plaisir, je vous prépare ça.
Je me recule pour laisser la place
à une autre personne. En me
retournant pour jeter un coup d’œil
à Victor, je remarque que tous les
regards sont fixés sur lui. Mon fils
a parcouru toute la longueur du
comptoir, de A à Z, avec sa langue
collée à la vitre immaculée du
comptoir. Il lèche tout le long ! Je
voudrais disparaître sous le plancher.
J’ai envie de hurler : « Il n’est pas mal
élevé… il est juste autiste ! »
de clients. Je croise les gens qui
me font des sourires, qui regardent
Victor d’un regard attendrissant. J’ai
réussi ! J’ai passé le message.
À ma grande surprise, on me demande rapidement à quel endroit
j’ai acheté la casquette, qu’une telle
en voudrait une pour son petit-fils,
qu’une autre veut aussi en faire
porter une à son fils, que c’est une
excellente idée ! Sans trop y réfléchir,
je crée un logo et je commande
100 casquettes brodées. Une page
Facebook et hop, les casquettes se
vendent comme des petits pains
chauds partout au Québec ! Je
répète le tout avec une tuque et des
t-shirts. L’engouement est là. Même
des gens de la France en veulent.
Articles dans les journaux, entrevues
à la radio, je passe mon message.
C ’E ST A S SE Z
E T M AI N T E N AN T
Je roule jusqu’aux Galeries de la
Capitale et me dirige dans cette
boutique qui personnalise des casquettes. Je regarde le vendeur et
lui dit : « Je veux faire broder la
phrase suivante sur cette casquette :
Pas mal élevé… juste autiste ! »
Casquette sur la tête, Victor
m’accompagne par la suite au Centre
Jardin. Il fait beau et il y a beaucoup
Cette expérience m’a permis de
transformer un moment de gêne intense en un mouvement de sensibilisation pour l’autisme. La casquette,
qui au départ n’était qu’un simple
outil pour apaiser mon propre malaise face aux regards des autres, est
devenue un symbole de fierté pour
des milliers de familles confrontées
aux mêmes défis.
Visitez le site justeautiste.ca pour en savoir plus
et pour commander des produits.
En partageant notre histoire, j’ai
découvert que je n’étais pas seule.
D’autres parents, grands-parents,
et proches d’enfants autistes se reconnaissaient dans notre parcours,
et ensemble, nous avons réussi à
faire passer un message d’empathie
et de compréhension. Victor, avec
son authenticité et sa différence, m’a
appris la résilience et l’importance
de se battre pour ce en quoi on croit.
Aujourd’hui, je regarde l’avenir avec
espoir, car chaque sourire et chaque
soutien que nous recevons nous
rappellent que, malgré les défis,
nous ne sommes jamais seuls dans
cette aventure.
“
J’ai réussi à
transformer un
moment de gêne
en un mouvement
de sensibilisation
pour l’autisme, et
maintenant, ma
casquette est devenue
un symbole de fierté
pour des milliers de
familles à travers
le Québec.
Le Mag 9 | Décembre 2024
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