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108 • RAUCH (François-Antoine) - Régénération de la nature
végétale, ou recherches sur les moyens de recréer, dans tous les climats, les
anciennes températures et l’ordre primitif des saisons, par des plantations
raisonnées, appuyées de quelques vues sur le ministère que la puissance
végétale semble avoir à remplir dans l’harmonie des éléments. Paris,
De l’Imprimerie de P. Didot l’Aîné, 1818 ; 2 volumes in-8,
XXXI pp. + 5 pp.n.ch. + 502 + 398 pp., demi-basane vert
olive de l’époque, dos lisses à faux nerfs ornés de 昀氀eurons de
style Empire, pièces de titre et de tomaison de basane bleue ;
gardes de papier marbré bleu, rose et jaune, tranches bleues
mouchetées. Les 2 volumes.
1300 €
Pritzel 7428 ; Jacquemart, Bibliographie forestière p. 21. André
Jammes, Un précurseur de l’écologie, François-Antoine Rauch
(1762-1837). Seconde édition, augmentée et la plus complète : «que je
fais réimprimer aujourd’hui avec des changements, et, j’ose le croire, des
améliorations notables». L’ouvrage parut d’abord en 1802 sous le titre :
«Harmonie hydrovégétale et météorologique, ou recherches
sur les moyens de recréer, avec nos forêts, la force des températures et la régularité des saisons, par les plantations raisonnées, etc…». Né à Bitche en 1762, François-Antoine Rauch
entre à l’école des Ponts et Chaussées, comme auditeur libre, en 1783.
Mais après moins de deux ans, il quitte Paris pour seconder l’ingénieur
général des États de Liège, devenu aveugle. Puis il est employé comme
ingénieur-géographe de la province du Roussillon, avant de réintégrer
l’école des Ponts, cette fois comme élève, à l’automne 1792. À Paris, il
prend part au gouvernement de la Convention. Membre de la commission
des arts et des sciences, il est chargé de missions d’expertise dans l’Est. Sa
formation achevée, en janvier 1794, il entre en service actif comme ingénieur à Dieuze, dans la Meurthe. Il y restera cinq ans. Mais en 1799,
il est déplacé - selon lui arbitrairement. Il refuse de rejoindre son poste et
est placé d’o昀케ce en inactivité. En 1802, il accepte de redevenir ingénieur
dans le Bas-Rhin, mais quitte dé昀椀nitivement les Ponts en 1810, à moins
de cinquante ans, après avoir refusé une nouvelle a昀昀ectation. Sa carrière,
courte et erratique, est une longue suite de con昀氀its avec sa hiérarchie, et de
récriminations contre le sort qui lui est fait. Véritable précurseur de l’écologie, il entame dès le début du XIXe siècle une croisade de plus de trente ans
en faveur d’une régénération forestière et climatique de la France. L’introduction de l’ouvrage donne une image précise de son diagnostic : «Les
lois harmoniques de la Nature», écrit-il, «de cette mère nourricière de tous
les êtres, sont interverties par de longs siècles de mutilations. Nos belles
montagnes sont dépouillées du brillant vêtement de ces forêts majestueuses,
qui les couvraient de leurs ombres protectrices ; les météores déchainés, ne
s’annoncent plus que par des ravages et de sinistres mugissements ; avec
nos antiques forêts sont disparues ces races nombreuses d’animaux, dont
la présence manque au primitif éclat de la création. (…) L’inclémence
croissante des températures et des saisons arrête partout la volonté libérale
de la nature ; la terre perd tous les jours quelque élément de sa fécondité ;
de son sein que de continuelles mutilations dénaturent, sortent des cohortes
de maladies, dont la triste in昀氀uence 昀氀étrit le charme de notre existence
passagère». Très bel exemplaire, particulièrement frais, élégamment relié
à l’époque. Une double signature ancienne de Joly, sans doute le premier
possesseur de l’ouvrage, est présente sur la page de faux-titre du tome
premier, ce qui rend l’exemplaire encore plus «joli-joli».
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