Numero 3 Lexmag - Magazine - Page 70
LIFESTYLE
L'association du trimestre : La courte échelle
représente aussi pour moi la
meilleure façon de lui rendre
hommage, lui qui m’a beaucoup
aidé durant mes études.
[S.J] Cet accompagnement
est d’autant plus important
qu’il permet d’ouvrir des
opportunités à des étudiants
de milieu défavorisé qui ont,
du fait de leur meilleur social
ont des sensibilités di昀昀érentes
d’étudiants dont le milieu est,
disons plus classique ?
[Y.B] Ce que je constate depuis
près de 2 ans et demi est que les
lacunes s’accumulent de façon
spectaculaire pour certains
étudiants au fil des années
et certaines connaissances
indispensables à l’obtention
d’un stage sont ignorées par
eux. Il y a plusieurs raisons à
cela pour moi et pour n’en citer
que quelque unes, je dirais : des
lacunes en français depuis le
lycée, l’absence de rattrapage
de ces lacunes à l’université
et un manque de réseau pour
identifier les bonnes personnes
auxquelles il faut écrire. Les
étudiants d’origine modestes
pour lesquels les études
représentent déjà un e昀昀ort,
pas simplement financier, en
pâtissent beaucoup, alors que les
plus aisés ont des acquis par leur
environnement naturel dans
lequel ils évoluent. L’association
tente de corriger, ce n’est pas
toujours très simple, ces lacunes
et surtout, nous rattrapons des
situations qui parfois partent
mal entre certains étudiants
et certains recruteurs. Je vous
assure que ce que nous faisons
parfois relève du bon sens mais
il m’arrive souvent de dire à un
étudiant de mettre une formule
de politesse ou de s’adresser à
tel professionnel de cette façon.
Encore récemment, j’ai expliqué
à un étudiant que le tutoiement
était inenvisageable, pourtant
l’étudiant en question est
brillant et survole son Master 2.
[S.J] Quel accompagnement vous
a le plus marqué ?
[Y.B] Chaque étudiant a un
parcours qui lui est propre,
une personnalité unique et des
projets di昀昀érents des autres et
il m’est difficile de choisir parmi
les milliers d’étudiants aidés
par l’association. Néanmoins, je
reste marqué par une étudiante
qui était au point mort dans ses
études malgré ses deux Master 2
car incapable de décrocher un
stage en raison d’une chose qui
bloquait tout : le port du voile. Je
crois qu’il n’y a jamais de hasard
dans la vie, je l’ai croisé après
une conférence à Sciences Po
en avril dernier et elle est venue
timidement me remercier de
l’aide apportée qui n’avait servi
à rien puisqu’elle était encore en
recherche. Quelques jours plus
tard, j’ai reçu une o昀昀re d’une
collègue en poste à l’étranger, et
j’ai de suite pensé à elle. Quelques
jours plus tard, elle m’écrivait
70
pour me dire qu’elle partait pour
l’étranger et elle a été titularisée
là-bas depuis. J’ai rarement eu
autant la chair de poule en lisant
un mail car je sentais dans les
mots qu’elle m’avait écrit son
émotion et sa joie, pour ses
parents notamment. Dommage
pour nous, il a fallu qu’elle parte
ailleurs elle aussi.
[S.J] Quels sont les besoins
de l’association ?
[Y.B] Nous avons aujourd’hui
besoin de fonds, d’argent mais je
n’ai pas le temps de m’en occuper
entre mon métier de magistrat à
temps plein et l’association. Nous
aurions besoin de dons pour
la rendre plus efficace et pour
pouvoir recruter, rémunérer
des bénévoles à temps plein et
organiser un événement par an.
Nous avons tout ce qu’il faut pour
recevoir des dons mais il nous
manque les donateurs.
Vous souhaitez faire un don ou vous
investir dans cette association ?
Envoyez un mail à :
contact@asso-la-courte-echelle.fr