Numero 3 Lexmag - Magazine - Page 38
Interview de Fabrizio Papa Techera
réponses imprécises ou incorrectes,
appelées « hallucinations ». Cela rend
indispensable une approche prudente
et méthodique de l’utilisation
de l’IA dans ce secteur.
Comment intégrer l’IA dans les
pratiques juridiques ?
"Lexbase cherche à fournir
des réponses accompagnées
d'un indicateur de con昀椀ance,
par exemple un taux de 昀椀abilité
de 80 ou 90 %
"
La clé pour les avocats et les juristes
est de commencer par tester l’IA
dans leurs pratiques quotidiennes. Il ne faut
donc pas avoir des attentes trop élevées ni trop
faibles, mais plutôt de trouver un juste milieu
en s’appuyant sur des tests pratiques. Ces tests
devraient se concentrer sur des matières que
les professionnels connaissent bien, afin qu’ils
puissent rapidement identifier les erreurs et
mesurer la valeur ajoutée de l’IA. Une autre
bonne pratique est de se former en continu.
Les technologies d’IA évoluent rapidement,
et il est essentiel de comprendre les outils pour en
tirer un maximum de bénéfices. La valeur de l’IA
résidera dans son adoption correcte et mesurée,
mais aussi dans la capacité des professionnels
à vérifier les résultats générés et à les valider à
l’aide de leur expertise humaine.
La mise en place d’indicateurs de fiabilité sert
également un garde-fou, une fonctionnalité que
Lexbase développe contrairement à des outils
plus généralistes comme ChatGPT qui o昀昀rent
des réponses sans jugement de fiabilité, Lexbase
cherche à fournir des réponses accompagnées
d’un indicateur de confiance, par exemple un
taux de fiabilité de 80 ou 90 %.
Cas d’usage : l’empreinte des faits similaires
L’une des innovations les plus intéressantes
est l’utilisation de l’IA pour analyser les faits
similaires dans les décisions de justice. Plutôt
que de s’appuyer uniquement sur des critères
juridiques classiques comme les grands thèmes
ou les fondements juridiques, Lexbase a mis
en place une technologie qui attribue une
« empreinte unique » à chaque décision
de justice. Cela permet de comparer les faits de
manière beaucoup plus fine et de trouver des
décisions ayant des faits proches.
Les dé昀椀s de 昀椀abilité et la réduction
des erreurs
Le point crucial est le risque d’erreurs dans
les réponses générées par l’IA, notamment
les « hallucinations », où l’IA peut produire des
informations fausses ou trompeuses. Pour
minimiser ce risque, les outils d’IA juridique
doivent toujours s’appuyer sur des sources fiables.
Chez Lexbase, cela se fait à travers un retour
systématique aux sources institutionnelles
comme les textes de loi ou les décisions
judiciaires, ainsi qu’aux contenus éditoriaux
validés scientifiquement, afin de garantir la
validité et l’actualité des informations.
En pratique, l’utilisateur saisit un texte décrivant
les faits de son dossier, comme s’il l’expliquait
de vive voix à son collaborateur, et l’outil compare
cette empreinte aux millions d’empreintes de la
base de données Lexbase. Il peut ainsi trouver
des décisions ayant des faits similaires, facilitant
la recherche de jurisprudence. Cette technologie
est similaire à celle de « Shazam », l’application
musicale, mais appliquée au droit : un moyen
rapide et précis de repérer des cas semblables en
fonction des faits présentés.
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