LMi-MAG23 Sept - Flipbook - Page 9
direction stratégie, la DRH et la DG de Fives CortX sur
la partie data. Nous avons choisi de mettre en place ce
format dès 2019, plutôt qu’un CDO qui aurait pu être un
goulet d’étranglement.
Mais le digital n’est pas arrivé chez Fives
seulement avec ce comité ?
T. V. : Non, bien sûr. Nous cherchons par exemple à
optimiser le design industriel et le fonctionnement de
nos équipements avec la simulation numérique depuis
les années 1990. Mais nous faisons aussi en sorte de
transformer cet outil de conception industrielle en outil
d’amélioration en temps réel du fonctionnement de nos
équipements. Au début des années 2000, nous avons
par exemple conçu un Digit@l Furnace (four digital,
ndlr). Nos fours chau昀昀ent plusieurs centaines de tonnes
d’acier par heure et sont donc très consommateurs
d’énergie. Pour y remédier, nous en avons optimisé le
design avec la simulation numérique.
Mais nous avons aussi cherché à adapter en permanence, grâce au digital, le fonctionnement du four à la
charge, donc aux brames d’acier qu’il va devoir chauffer. Pour tenir compte des nombreux phénomènes physiques en jeu, nous avons développé ce jumeau numérique du four - le digital furnace - qui tourne en parallèle
de l’équipement réel et lui permet de fonctionner dans
les conditions optimales, voire d’anticiper la production
future. Nous avons fait la même chose dans le domaine
de la recti昀椀cation avec nos machines de haute précision,
pour l’aluminium et pour le sucre. Et 昀椀nalement, pour
l’ensemble des métiers de Fives.
Cela signifie qu’en 2024 tous vos projets
sont conçus avec un jumeau numérique ?
Et que vous disposez des infrastructures IT
et data à l’avenant ?
T. V. : Oui. Même si nous nous intéressons d’abord
au périmètre de la machine, avant l’IT. Qu’il s’agisse
d’une machine-outil ou d’un trieur de centre de tri de
plusieurs kilomètres de long, nous sommes dans une
logique de machine avec un périmètre identi昀椀able et un
ensemble de capteurs qui collectent des informations,
un système de pilotage et une capacité à communiquer
avec l’extérieur. Le système de pilotage comprend un
automate pour les fonctions de base et un logiciel qui
s’appuie sur un jumeau numérique pour optimiser en
permanence le fonctionnement de la machine. Dans ce
cadre, Fives CortX développe par exemple des solutions
en edge pour réaliser un certain nombre d’analyses, de
simulation, de calculs directement sur site.
L’idée n’est pas forcément d’avoir plus d’informations,
donc plus de capteurs, mais d’obtenir l’information pertinente par rapport à la compréhension du process de la
machine. L’industrie 4.0 a une apparence de simplicité,
car les machines communiquent, stockent les données,
les restituent sous une forme attractive, etc. Mais si l’information de départ n’est pas su昀케samment pertinente,
cela n’apporte pas forcément tout le service attendu.
Nous travaillons donc sur la façon d’obtenir des données
synthétiques pertinentes par rapport au process que l’on
est en train de superviser.
Quel rôle joue le jumeau numérique
de la machine dans ce cadre ?
T. V. : Le modèle numérique de la machine permet d’aug-
menter la qualité de la mesure. Plutôt que de se contenter
de comparer en permanence une donnée avec une valeur
attendue, nous comparons un ensemble complet de données avec celui supposé exister selon le jumeau numérique. Nous gagnons en capacité à établir des corrélations
entre les paramètres de manière beaucoup plus 昀椀ne que
si nous pratiquions donnée par donnée.
La complexité du jumeau numérique provient principalement de la nécessité d’exécuter ces modèles de simulation
en temps réel, sur des installations dans l’aciérie ou l’intralogistique assez classiquement équipées de 100 000,
voire de 200 000 capteurs. Mais la capacité de calcul disponible aujourd’hui permet d’en retirer une information
synthétique de beaucoup plus grande qualité. Nous traitons par exemple la data issue de ces 200 000 capteurs
dans le boîtier en edge connecté au réseau industriel
que j’évoquais. Et nous en sortons une restitution pour
le client.
Déployez-vous déjà ce type de configurations ?
T. V. : En Italie, nous avons mis en route un équipement de supervision additionnel à celui déjà intégré à
notre système de tri GENI-Belt pour connaître en temps
réel l’état de la totalité d’un centre de tri. On a昀케che des
informations synthétiques sur l’état de l’installation et
on peut ensuite zoomer, comme dans une cartographie
en ligne, sur une zone spéci昀椀que du site pour voir sans
bouger du poste de pilotage, si un colis est coincé ou
si un opérateur n’a pas déclenché le chargement d’un
camion.
Autre exemple. Nous avons une 昀椀liale à Nancy, Fives
Nordon, qui fabrique de très complexes tuyauteries destinées au secteur nucléaire. Dans ce domaine, chaque
soudure peut durer plusieurs semaines. Et dans ce
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