Fragonard - Marguerite Gérard. Une révélation, des propositions. Exposition mars 2025 - Catalogue - Page 96
Réflexions sur le parcours singulier de Marguerite Gérard
ill. 23 : Jean Honoré Fragonard,
La Fontaine d9Amour, vers 1785,
huile sur toile, 64,1 x 52,7 cm,
Los Angeles, Jean Paul Getty
Museum.
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La )n de la carrière de Fragonard est
marquée par des œuvres aux modelés
adoucis, comme Le Sacrifice de la rose
(ill. 22), qui contrastent de manière
saisissante avec les )gures aux gestes
expressifs et aux drapés vigoureux,
brossées avec fougue, de la décennie
1760-1770. Renonçant aux audaces
picturales des années précédentes, son
style évolue et son pinceau, de large et
visible, se fait plus léger et vaporeux,
comme l’atteste Le Verrou, peint en
1776. Le maître de Grasse se consacre
désormais à des scènes de genre
ra,nées, très )nies, dans le goût des
maîtres hollandais du 73iie siècle,
qu’il exécute souvent en collaboration
avec Marguerite Gérard. On retrouve,
dans nos portraits, la matière légère
et fondue, ponctuée de petites touches
plus aiguisées, caractéristique
de ses dernières années.
Les toiles de Fragonard doivent
en partie leur magie à la lumière
qui les baigne, tantôt douce, tantôt
violente. Le peintre en exploite
toutes les ressources. Lunaire et
sépulcrale dans ses œuvres tardives,
elle devient la principale actrice du
spectacle, accentuant l’irréalité de ses
allégories nocturnes, comme dans