Fragonard - Marguerite Gérard. Une révélation, des propositions. Exposition mars 2025 - Catalogue - Page 68
Réflexions sur le parcours singulier de Marguerite Gérard
ill. 5 : Marguerite Gérard
et Jean Honoré Fragonard,
Le Chat angora,
1785-1788,
huile sur toile, 65 x 53,5 cm,
Cologne, Wallraf Richartz Museum.
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elle exécute, parallèlement à ses
scènes de genre, une série de petits
portraits d’artistes souvent logés au
Louvre, de musiciens, compositeurs,
comédiens et tragédiennes, de
membres de sociétés littéraires et
artistiques et des mécènes les plus en
vue de Paris, peints sur des supports
de bois de format similaire, selon une
formule empruntée à la Hollande
(ill. 9 et 11) : elle souhaite se rendre
reconnaissable par sa manière et par
l’agencement de ses compositions, a)n
de se faire un nom et de promouvoir
son œuvre9. En)n, elle s’associe avec
9. Marguerite Gérard. Artiste en 1789, dans l’atelier
de Fragonard, dir. José de Los Llanos et Carole
Blumenfeld (cat. exp., Paris, musée Cognacq-Jay,
10 septembre-6 décembre 2009), Paris, Paris musées,
2009, pp. 17-18.
certains marchands spéculateurs
pour faire monter arti)ciellement sa
cote10. Parmi les tableaux vendus aux
enchères du vivant de Marguerite
Gérard, on peut citer La Leçon de
luth11, véritable tour de force attestant
sa virtuosité dans le rendu des étoffes,
présenté par le fameux expert JeanBaptiste Pierre Le Brun en décembre
1785, ou encore ceux provenant du
cabinet Dubois en 1788, où )gure
Le Triomphe de Minette (ill. 6).
Carole Blumenfeld est parvenue
à cerner les enjeux, stratégiques,
esthétiques ou commerciaux, de
10. Cyril Lécosse, « Marguerite Gérard », La Gazette
Drouot, 8 mars 2019, p. 262.
11. Carole Blumenfeld, Marguerite Gérard, 1761-1837,
op. cit., pp. 204-205, IP, rep. en couleurs p. 37.