Fragonard - Marguerite Gérard. Une révélation, des propositions. Exposition mars 2025 - Catalogue - Page 66
Réflexions sur le parcours singulier de Marguerite Gérard
ou de tendresse maternelle, telles
que Monsieur Fanfan jouant avec
Monsieur Polichinelle, L’Enfant chéri
(ill. 3) ou Le Premier Pas de l’enfance,
unissent en effet leurs deux noms,
confortant l’idée d’une complicité
artistique conduisant à une série de
tableaux réalisés à deux mains. La
lettre accompagnant la gravure faite
d’après L’Élève intéressante,
« M.le Gerard Él[èv]e de M. Fragonard
pinx.[it] », est l’une des premières
à suggérer une peinture exécutée
de façon autonome par la jeune
peintre. Cette précision est sans
doute destinée à rendre compte de
la place prépondérante de celle-ci
dans sa création, peut-être comme
conceptrice de la composition7
(ill. 4). L’intervention de Fragonard
est cependant indéniable dans la
réalisation de certaines parties de
l’œuvre, notamment les motifs du
chien, du chat, des bras et du visage :
des analyses par ré-ectographie
infrarouge ont con)rmé que la toile
avait été peinte en deux temps par
deux artistes différents8. À côté de
cet exemple de « collaboration par
morceaux », d’autres tableaux d’une
facture relativement homogène,
comme Le Chat angora (ill. 5),
témoignent d’une « collaboration
7. Guillaume Faroult et Bruno Mottin, Marguerite
Gérard…, op. cit., p. 34.
8. Ibid., p. 24.
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ill. 3 : Géraud Vidal d9après Jean Honoré Fragonard et Marguerite Gérard,
L9Enfant chéri,
La lettre indique : « L9ENFANT CHÉRI / D9après le Tableau de même grandeur
peint par J. H. Fragonard et Mlle Gérard, gravé par G. Vidal [...] »,
burin et aquatinte, 57,3 x 74,2 cm,
collection particulière.