Fragonard - Marguerite Gérard. Une révélation, des propositions. Exposition mars 2025 - Catalogue - Page 108
Réflexions sur le parcours singulier de Marguerite Gérard
ill. 28 :
à gauche : détail ill. E (La Danse) ;
à droite : Marguerite Gérard, Portrait de femme à la mandoline,
huile sur bois, 19,4 x 14,7 cm, signé (en bas à gauche) : « Mte Gérard »,
Los Angeles, collection Lynda et Stewart Resnick.
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être masculin, se superpose presque
à celui de la danseuse, tandis qu’un
second visage, de pro)l et tourné vers
la gauche, assurément féminin, est
perceptible juste au-dessus de l’archet
du maître à danser. Leurs proportions
laissent à penser que ces personnages
étaient destinés à occuper le premier
plan. S’agit-il de repentirs ou de
traces d’une autre composition ?
Des analyses par ré-ectographie
infrarouge pourraient nous permettre,
en isolant le dessin sous-jacent,
de comprendre les recherches et
le cheminement de l’artiste lors
de la conception de ce tableau.
Marguerite Gérard excelle dans
l’art de rendre les effets de lumière
sur les tissus satinés. Elle traite ici
la robe de la protagoniste de façon
virtuose, d’un coup de pinceau
rapide et léger, superposant plusieurs
tons, avant de poser le blanc par
petites touches aiguisées pour
suggérer l’éclat chatoyant de la soie,
comme dans le Portrait de femme
à la mandoline (ill. 28). La minutie
avec laquelle l’artiste exécute les plis
des manches, du corsage et de la
jupe – que la jeune danseuse déploie
avec grâce – confère à l’œuvre une
sensualité manifeste. Sa maîtrise dans
la description des étoffes aux re-ets
métallisés s’y révèle pleinement,
comme dans ses toiles plus abouties
peintes dans le goût « pour la manière
)ne » de Mieris et de Ter Borch.