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Augustin Nicolas Georges Grasmick,
DIT Grass-Mick
(Paris, 1873 – Marseille, 1963)
N
é en 1873 à Paris au sein d’une famille lorraine ayant fui deux ans plus tôt l’envahisseur germanique, Augustin Grass-Mick montre
très tôt de réelles dispositions pour le dessin,
alors que ses parents reçoivent régulièrement
chez eux de nombreux artistes devenus leurs
amis, tels le caricaturiste-sculpteur Ferdinand
Cresigny ou l’af昀椀chiste Alfred Choubrac, élève
de Jules Chéret. Le peintre Édouard Detaille,
chantre des gloires de l’armée française, accepte
de prodiguer des conseils au jeune homme en
le recevant dans son atelier. A quatorze ans,
Grass-Mick fréquente l’atelier du dessinateur
lithographe Georges Lemoine, puis apprend la
décoration chez les frères Dangler, avec qui il
participe à l’Exposition Universelle de 1889. Après
avoir complété son apprentissage manuel chez
le peintre de vitraux Georges Lavergne, il suit
les cours du soir de l’École des Arts Décoratifs.
C’est à cette époque qu’il débute une carrière
d’af昀椀chiste et de dessinateur, publiant ses satires
graphiques au Charivari, au Cri de Paris, au
Rire et à la Chronique amusante. Cette activité l’introduit dans le tout Paris des arts et des
lettres, le liant avec Verlaine, Gauguin, ToulouseLautrec, Degas, les sculpteurs Rodin, Bartholdi
et Bourdelle. Après trois ans de service militaire
au 22ème régiment de Dragons de Sedan, GrassMick s’installe en 1897 dans un atelier que son
ami Erik Satie lui découvre au 67 rue Lepic, à
Montmartre. S’orientant résolument vers la pein-
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ture, il expose aux Indépendants à partir de 1903,
puis dès l’année suivante chez Berthe Weil aux
côtés de Matisse, Marquet, Dufy et Picasso. Ses
œuvres rencontrant un certain succès, il prend
part au Salon d’Automne de 1905 qui voit émerger les fauves, avant que Berthe Weill n’accueille
sa première exposition personnelle en 1911. En
1912, il quitte brusquement la capitale pour se
昀椀xer à Marseille en compagnie de son épouse,
elle-même originaire du sud de la France. Sans
renoncer à la peinture, il s’adonne à la critique
et à l’histoire de l’art, publiant deux ouvrages
essentiels sur Puget et Daumier.
F
igurant un coin d’atelier, notre grande huile
sur carton a vraisemblablement fait partie
des envois de Grass-Mick aux Indépendants en
mars 1906, ainsi qu’au Salon d’Automne quelques
mois plus tard. En effet, pendant quelques années,
l’artiste se plait à exposer des vues bigarrées de
son intérieur, dont les murs chargés de tableaux,
af昀椀ches et éventails semblent assez prisés des collectionneurs. L’année suivante, Louis Vauxcelles
ne manque pas de saluer ainsi les « intérieurs
papillotants de M. Grassmick1 ». Si le traitement
du tableau, synthétique et japonisant, n’exclut
pas les larges coups de brosse, le sujet offre à
l’artiste le prétexte d’employer des couleurs vives
directement puisées chez ses condisciples fauves,
tels Derain, Vlaminck et Matisse.
Vauxcelles, Louis, « Le Salon des Indépendants », Gil Blas, 20 mars 1907, p. 1.