DWZ catalogue BD - Flipbook - Page 80
Charles Lacoste
(Floirac, 1870 – Paris, 1959)
F
ils d’un comptable bordelais et d’une mère réalisant les décors de l’escalier est du Palais du
créole, Charles Lacoste est né à Floirac, Sénat en 1928 et du Museum d’histoire naturelle
commune limitrophe de Bordeaux, en Gironde. de Toulouse en 1930.
Adolescent, il se lie d’amitié au lycée avec le futur
poète Francis Jammes ainsi qu’avec Gabriel
até de 1907 et provenant de la collection du
Frizeau, futur viticulteur et grand collectionneur
grand mécène et collectionneur Georges
d’Odilon Redon, Eugène Carrière, Rouault, et sur- Couturat, notre paysage illustre tout ce qui a fait
tout Paul Gauguin. Mû très tôt par le désir de deve- la singularité de la peinture de Charles Lacoste.
nir peintre, Lacoste se forme en autodidacte en Amateur d’art japonais, et collectionneur d’esfréquentant les collections publiques et privées tampes, ce dernier applique dans ses toiles une
de Bordeaux. En 1894, il publie dans L’Estampe simpli昀椀cation des formes et de vastes perspecoriginale une vue de Londres qui, par son syn- tives soulignées par des aplats de couleurs aux
thétisme assumé, témoigne déjà des ambitions douces tonaxalités. Ce coin de forêt apparaît
esthétiques de son auteur. L’artiste effectue alors dépouillé de toute trace humaine, structuré
de fréquents séjours dans la capitale britannique, par les verticales strictes ou plus sinueuses des
cité industrielle à l’atmosphère brumeuse et troncs d’arbres jaillissant d’un sol seulement
enfumée où il puise progressivement sa propre animé par quelques merles et branches mortes.
vision de la nature, épurée et mélancolique. C’est Le peintre nuance ses aplats colorés par une
à cette époque qu’il fréquente André Gide, Arthur touche moins grasse et plus précise, en y ajoutant
Fontaine, les frères Rouart et le compositeur une subtile perception de la lumière projetant
Henri Duparc. Refusé à la Société des amis des les ombres sur le gazon vert. Révélatrice d’une
Arts de Bordeaux, il participe en 1898 au Salon de vision faite d’ordre et de mesure, à la manière
La Plume, alors que la revue vient de publier son des nabis Vallotton et Maurice Denis, notre
article « La Simplicité en peinture », puis expose peinture témoigne des évolutions que connaît
la même année au Salon des Cent. Installé à Paris la production de Lacoste dans cette première
il prend part aux Indépendants dès 1901, puis au décennie du XXème siècle. C’est précisément
Salon d’Automne à partir de 1903. Grâce à Gide, cette recherche continue de simplicité et de
l’artiste rencontre le marchand Eugène Druet qui pureté synthétique qui suscitent les éloges de
le soutient en l’exposant chaque année de 1904 son ami Francis Jammes, dans la préface de
à 1938, et en accueillant sa première exposition l’exposition du peintre à la galerie Druet en 1905 :
individuelle en janvier 1905. Également défendu « Charles Lacoste habite le pays de la discrète
par Berthe Weill à partir de 1906, son travail harmonie, là règne un goût si parfait que jamais
connait un certain succès, et sa notoriété dépasse un cri discordant ne trouble le paysage ; il n’y
les frontières, notamment au Salon de la Libre a nulle tendance aux effets dans cet art natuEsthétique à Bruxelles en 1907, puis au Salon de rellement simple et distingué sans effort et qui
la Toison d’Or l’année suivante à Moscou. Dans a la race. il semble même que cette peinture
l’entre-deux-guerres, Lacoste parvient à appli- craigne de se faire remarquer. C’est là son
quer sa vision à de grandes peintures murales en génie à cette époque1. »
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1
Jammes, Francis, préface à l’exposition Lacoste chez Druet de 1905, in Jammes, Francis, « De l’œuvre de Charles
Lacoste », L’Occident, septembre 1909, n° 94, p. 115.