DWZ catalogue BD - Flipbook - Page 56
Lucien Ott
(Paris, 1870 – Villeneuve-Saint-Georges, 1927)
ucien Ott nait à Paris en 1872 dans une
famille d’artisans alsaciens ayant rejoint
la capitale après l’annexion de leur région par
la Prusse. Encouragé par son père cordonnier,
il montre très tôt de réelles dispositions pour
le dessin et intègre l’école Germain Pilon, puis
l’école Bernard Palissy, où il se forme au métier
de décorateur. Il voue un intérêt précoce pour la
Bretagne, en se rendant pour la première fois
à Pont-Aven dès 1889, alors que Paul Gauguin
et Émile Bernard y renouvellent l’art moderne
depuis 1886. Après l’année de son service militaire
en 1892, il est employé par la Manufacture Krieger
en tant que dessinateur d’ameublements. Devenu
chef d’atelier, il y rencontre le graveur Loys Delteil
qui lui prodigue ses conseils et devient peu à peu
son ami. Rêvant de se consacrer plus résolument
à la peinture, Lucien Ott retourne séjourner en
Bretagne, à Loguivy de la Mer, entre 1898 et 1901.
Il y fait la connaissance d’Henri Rivière, avec qui
il partage son goût pour le paysage ainsi qu’un
certain attrait pour le synthétisme des estampes
japonaises. De retour à Paris, il expose à partir de
1901 au Salon des Indépendants puis dès 1903 au
Salon de la Société Nationale des Beaux-arts. Ses
peintures, pastels et aquarelles y obtiennent un
certain succès en associant à des paysages typiquement parisiens des « bretonneries » alors à
la mode. S’adonnant également à la nature morte
et au portrait, sa palette s’assombrit peu à peu et
son pinceau se fait plus synthétique, à la manière
d’un Bonnard ou d’un Vuillard dont il se réclame
avec force. Mobilisé en août 1914, à l’âge de 42 ans,
l’artiste est appelé à garder les voies à Essonnes
avant de rejoindre en 1916 le 79ème Régiment
d’Infanterie sur le front de Belgique. Il ne cesse
L
d’y remplir ses carnets de croquis pris sur le vif,
saisissant les paysages en ruines et les poilus
dans les abris, soumis à la violence des pilonnages. Rappelé à Paris en 1917, il met ses talents
de peintre à contribution en intégrant l’atelier
de camou昀氀age des Buttes-Chaumont. Avec la
cessation des hostilités, durablement marqué
par le con昀氀it, Lucien Ott développe davantage
son activité de décorateur en multipliant les
créations de meubles « modernes » pour les
ateliers Paul Malhou.
atée de 1898, notre huile sur toile se rattache précisément à l’installation de
Lucien Ott en Bretagne et offre ainsi un vibrant
témoignage pictural de ses premières ambitions artistiques. Usant d’un cadrage vertical
directement emprunté aux estampes d’Hiroshige, le peintre a 昀椀nement composé un paysage
boisé, vraisemblablement saisi sur le motif entre
Loguivy et Paimpol avant d’être repris dans son
atelier. Observateur assidu de la peinture impressionniste, il en retient en partie la leçon à travers
de larges coups des brosses de couleurs franches,
une certaine fragmentation de la touche ainsi
qu’une attention particulière portée aux effets
lumineux. Le sol terreux partiellement couvert
de mousse est ainsi sensiblement tacheté de
quelques rayons de soleil traversant ponctuellement l’ombrage des branches, avant de baigner
plus pleinement de lumière le muret de pierre
et les meules de foin visibles à l’arrière-plan.
En昀椀n, les troncs striant ostensiblement la toile
semblent fournir le prétexte à décrire les différentes essences de bois, trahissent encore la
première formation de designer de Lucien Ott.
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