DWZ catalogue BD - Flipbook - Page 48
Alexandre Graverol
(1865 – Paris, 1948)
’abord formé à l’école des Beaux-arts de Chat Noir avec les poètes Charles Cros et Maurice
Lyon, Alexandre Graverol se rend à Paris Rollinat, ainsi que le chansonnier et auteur Léon
pour intégrer aux Beaux-arts l’atelier de Pierre Xanrof. Également familier des soirées de La
Puvis de Chavannes. En observant ses premières Plume, il y fait la rencontre de Claude Debussy.
compositions, ce dernier aurait d’emblée perçu D’un tempérament impulsif et passionné, il quitte
les talents singuliers du jeune artiste, en rupture la capitale peu après son mariage pour s’installer
avec le naturalisme de son temps : « Graverol, à Bruxelles après avoir dilapidé sa fortune privée
lui dit-il, vous avez l’intelligence de l’art1 ». Le aux jeux de cartes. Née en 1905 à Ixelles, sa 昀椀lle
peintre s’associe très vite aux milieux symbo- l’artiste surréaliste Jane Graverol en dresse
listes de Paris et de Bruxelles, tissant des liens un portrait complexe, et souligne toute la part
étroits avec nombre d’artistes et d’écrivains. occulte et ésotérique que contient son œuvre :
Parmi eux, il noue une profonde amitié avec Paul « Mon père était intelligent et cruel… aristocrate
Verlaine, qu’il représente à plusieurs reprises et anarchiste, croyant au pouvoir de l’envoûteen 1895 durant son séjour à l’hôpital Broussais, ment et de la télépathie, mystique sans religion,
lieu de son décès en janvier 1896 (昀椀g. 1). L’une il avait, disait-il, eu des apparitions de la Vierge
de ses aquarelles symbolistes 昀椀gurant l’écri- dans les rues de Paris… il avait le sens aigu de
vain est par la suite décrite et reproduite dans tout ce qui était supérieur dans les recherches de
sa version gravée par Frédillo dans le numéro l’art… Il avait fréquenté l’avant-garde poétique
spécial que La Plume consacre en février 1896 de la 昀椀n du siècle, c’est-à-dire les Symbolistes3 ».
à Verlaine2. Issu d’un milieu fortuné, Graverol Se tenant en Belgique éloigné de toutes manifescultive son image de dandy désinvolte et esthète tations artistiques, Graverol ne compose plus
entièrement détaché des nécessités matérielles que pour ses amis amateurs, collectionneurs
et quotidiennes et n’expose de ce fait qu’à de très ou relieurs des illustrations et des ex-libris qui
rares occasions. Fêtard invétéré, il participe aux dissimulent quelque peu sous l’élégance du trait
soirées organisées dans l’atelier de Nadar situées son inquiétude et l’étrangeté de sa personnalité.
au 35 boulevard des Capucines, et fréquente le
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Fig. 1 :
Alexandre Graverol, Paul Verlaine à l’hôpital Broussais,
1895, aquarelle sur papier (23,4 x 26,7 cm), collection particulière.