DWZ catalogue BD - Flipbook - Page 46
… /…
une froide et humide journée d’hiver dans son
agitation toute bouillonnante. Entre les arbres
dénudés se dressent les colonne Morris de forme
cylindrique et les kiosques couverts d’af昀椀ches
publicitaires, prenant place sur une ligne en
léger retrait de la bordure du trottoir. Disposés de
manière régulière, ces petits cabanons destinés
à la vente des journaux, de 昀氀eurs ou de rafraîchissements constituent une ligne de fuite qui
dirige le regard du promeneur vers la place ou le
monument ponctuant la voie. La touche moderne,
apparente et lâchée entend traduire l’atmosphère de la rue parisienne, les re昀氀ets des 昀氀aques
d’eau sur la large contre-allée mouillée, ainsi que
le fourmillement des citadins immergés dans la
foule ou chargeant l’omnibus noir visible à gauche.
L
a deuxième œuvre (cat. 2) que nous présentons est un rare pastel d’obédience
impressionniste par la luminosité éphémère des
dernières heures du jour qu’il parvient à capter.
L’urbanisme plus dépouillé et inscrit sur une
sensible côte suggère vraisemblablement une
rue montmartroise. Georges Fournier parvient
habilement à retranscrire les re昀氀ets jaunes de la
lumière sur l’eau coulant le long du caniveau. Sous
les réverbères encore éteints se pressent trois
jeunes enfants, encore chargés de leurs cartables
d’écoliers. Autant d’éléments qui témoignent d’un
travail effectué directement sur le motif, et d’une
parfaite maitrise technique qui justi昀椀e les éloges
formulés par le célèbre critique Léon RogerMilès, dans sa préface au catalogue de l’exposition personnelle de l’artiste en 1897 : « Coloriste,
M. Fournier l’est avec une réelle puissance et
une audacieuse franchise, dans ces coins de
province, dans ses coins de Paris surtout, qu’il
aime surprendre à l’heure crépusculaire, par
les temps où il a plu ; il af昀椀rme sa volonté d’avoir
l’euchromatisme violent sans vaine brutalité,
et sonore sans cesser d’être harmonieux. Il est
telles de ses vues, qui sont bien près d’être parfaites, avec leur arrangements heureux, leur
couleur où passent des éclats, le grouillement
des êtres et des bêtes qui s’y meuvent, et sont
bien la vision de la vie1. »
1
Roger-Milès, Léon, Préface au catalogue de l’Exposition Georges Fournier
(Paris, Le Barc de Boutteville, 47, rue Le Peletier, 5 Avril – 4 mai 1897) Paris, Edmond Girard, Imprimeur-Éditeur, 1897.
Fig. 1 :
Exposition Georges Fournier,
vues de Paris, chez Le Barc de Boutteville, 47, rue Le Peletier
(5 Avril – 4 mai 1897),
lithographie, Paris, impressions Bourgeries et Cie, 1897.