DWZ catalogue BD - Flipbook - Page 38
Albert Pike Lucas
(Jersey City, 1862 – New York, 1945)
riginaire du New Jersey, Albert Pike
effectue un passage au Packer Institute
de Brooklyn avant de se choisir une vocation
artistique et de s’embarquer à l’âge de vingt
ans pour l’Europe. Après un voyage d’étude de
plusieurs mois en Belgique et en Hollande, il
s’installe à Paris où il intègre dès 1882 l’École
des Beaux-arts. Il y suit d’abord l’enseignement
de Gustave Boulanger, puis rejoint les ateliers
d’Ernest Hébert, Gustave Courtois et Pascal
Dagnan-Bouveret, auprès de qui il étudie jusqu’en
1888. Esprit curieux, il s’adonne également à la
sculpture et reçoit dans cette même école les
leçons de Jean-Antoine Injalbert. De 1890 à 1901,
il expose presque chaque année au Salon de la
Société Nationale des Beaux-arts, dont il devient
membre associé dès 1892. En associant un dessin
naturaliste précis et rigoureux à un symbolisme
décoratif, ses sujets sont le plus souvent prétexte
à 昀椀gurer le nu féminin en pleine nature et rencontrent de ce fait un certain succès auprès de
la critique. En 1896, son grand tableau L’Appel,
représentant trois femmes nues dans un paysage,
est récompensé au Salon du Champ de Mars
(cat. n° 833), avant d’obtenir une autre médaille
à l’Exposition pan-américaine de Buffalo, en 1901.
Lors de l’Exposition Universelle de 1900, il surprend en exposant un buste, Sambo, au sein de
la section américaine (cat. n° 32). Après vingt ans
à Paris, Lucas séjourne rapidement en Italie, puis
retourne dé昀椀nitivement aux États-Unis en 1902,
installant son nouvel atelier à New York. Exposant
O
régulier des célèbres galeries Folsom et Macbeth,
de l’Albright Art Gallery de Buffalo, ainsi que du
City Club de New York, il se tourne vers la peinture
de paysage, privilégiant des représentations nocturnes et des effets atmosphériques lumineux le
rapprochant de l’impressionnisme et de Whistler.
récisément datée de 1893, notre toile se
rattache à la période parisienne d’Albert
Pike Lucas. Figurant le portrait en buste et de
pro昀椀l d’une jeune femme brune emmitou昀氀ée
dans un élégant châle 昀氀euri rose, vert et jaune,
elle semble illustrer les explorations symbolistes
que mène à l’époque l’artiste. Sur un fond vert
foncé créant un espace indifférencié et sans
profondeur rappelant les antiques ef昀椀gies de
Holbein, le modèle paraît emprunter sa pose
aux portraits traditionnels de la Renaissance
Italienne. Toutefois, il s’en distingue par l’expression de son visage qui, émergeant du châle,
le menton relevé, tourne son regard vers le ciel
comme pour l’exposer davantage à la lumière. Son
teint quelque peu halé, comme ses cheveux noirs
attachés en demi-queue derrière le crâne lui
donne des allures d’amérindienne, rappelant les
origines transatlantiques de Lucas. Accentuant
le mystère, ce dernier confère à cette jeune
femme l’apparence d’une sainte, voyante, martyre ou vierge dont l’iconographie serait puisée
dans les récits bibliques, témoignant ainsi d’un
certain mysticisme auquel Dagnan-Bouveret
n’était pas étranger.
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