DWZ catalogue BD - Flipbook - Page 32
Louise Alexandra Desbordes Jouas
(Angers, 1848 – Créteil, 1926)
É
lève du Conservatoire impérial, dotée un point de vue sur la cathédrale Notre-Dame
d’une voix de Contralto, Louise-Alexandra de Paris, saisie depuis le quai de la Tournelle.
Desbordes-Jouas s’oriente d’abord vers une car- Les deux tours et la 昀氀èche du puissant édi昀椀ce
rière lyrique à l’Opéra de Paris où elle est engagée gothique dominent le pont de l’archevêché, la
en 1868, avant de se tourner exclusivement vers Seine et ses rives, noyés dans la vapeur douce
la peinture en 1872, en étudiant auprès du peintre d’un début de soirée embrumé. Les formes des
belge Alfred Stevens, alors au faîte de sa gloire. architectures, l’eau et le ciel se fondent en harC’est dans l’atelier de ce dernier qu’elle ren- monies délicates de tons gris à peine teintés de
contre Louise De Hem, Alix d’Anethan et Berthe quelques rehauts d’or qu’un soleil couchant trop
Art. Exposant pour la première fois au Salon en masqué tente en vain de répandre. Ce sont ces
1876, elle présente des bouquets de 昀氀eurs, mais éléments de facture très singuliers qui suscitent
aussi de saisissants paysages nocturnes et des assez tôt l’intérêt d’Arsène Alexandre dans les
portraits qui connaissent un certain succès, lui colonnes du Figaro : « Mme Louise Desbordes
obtenant une mention honorable en 1880 ainsi devrait être très connue et très appréciée depuis
qu’à l’exposition universelle de 1889. Saluée très le temps déjà long qu’elle af昀椀rme son indépentôt par Huysmans, collectionnée, entre autres, dante nature, toute éprise de riches couleurs et
par Charles Hayem et Sarah Bernhardt avec qui de visions de rêve : paysages fantastiques, 昀氀eurs
elle se lie d’amitié, elle contribue également à la d’eau, visions, évidemment on songe à Gustave
vie artistique belge en participant dès 1878 au Moreau, et pourtant c’est autre chose1 ». Notre
salon triennal de Bruxelles, mais également aux tableau a peut-être 昀椀guré parmi les paysages
expositions du Cercle des femmes peintres de parisiens présentés après 1900 à l’exposition de
1888 et 1890. Rapidement associée au courant l’Union des femmes peintres à la galerie Georges
symboliste, elle rejoint la Société Nationale des Petit, car plusieurs comptes rendus critiques
Beaux-arts dès 1890, et prend part à partir de semblent s’y rapporter. Arsène Alexandre y salue
1893 aux expositions de l’Union des femmes « les peintures de Mme Louis Desbordes, [….]
peintres et sculpteurs à la galerie Georges Petit. exécutées avec un rare souci de la matière préDesbordes fait également partie du groupement cieuse : […] des paysages fantastiques et vrais,
féminin « Les Quelques » qui expose à partir dont Paris est le thème : en un mot des efforts ou
de 1908 à la Galerie des artistes modernes, rue des trouvailles d’artiste vraie2 ». Comme frappé
Caumartin, et compte parmi ses membres les d’extase, le poète Jean Lorrain se montre quant à
sculptrices Jane Poupelet et Marie Cazin ainsi lui encore plus dithyrambique en associant avec
que les peintres Louise Galtier-Boissière et acuité les toiles de Louise Desbordes aux célèbres
Clémentine-Hélène Dufau.
nocturnes de Whistler : « Un précieux, un hallucinant paysage représente les quais de Paris vus
ar son atmosphère de brume et de mys- du Pont de Sully, un Paris de brume et de rêve
tère, notre petit paysage appartient à à l’heure ou s’allument les premiers réverbères
la part la plus symboliste de la production de et cette élève de Stevens me fait penser pour la
Louise Desbordes. Dans un format semi-ovale première fois à Whistler3. »
aux allures de fenêtre ouverte, l’artiste offre
P
1
Alexandre, Arsène, « Les Femmes-Artistes », Le Figaro, 9 janvier 1897, p. 6.
2
Alexandre, Arsène, « La Vie artistique – Les femmes artistes », Le Figaro, 6 janvier 1901, p. 5.
3
Lorrain, Jean, Poussières de Paris, Paris, P. Ollendor昀昀, 1902, p. 8.