DWZ catalogue BD - Flipbook - Page 30
Walter-Ernest Spindler
(Berlin, c. 18651 - 1940)
é à Berlin de parents anglais, Walter
Spindler passe une partie de son adolescence à Londres avant que son père William
Spindler, riche entrepreneur ayant fait fortune
dans l’industrie chimique, s’installe sur l’île de
Wight en 1881. S’orientant vers la peinture, le
jeune homme étudie à la Royal Academy et participe pendant quelques années aux expositions
de cette dernière, de 1892 à 1896, en présentant
des portraits et des compositions symbolistes
inspirées des préraphaélites2. A partir de 1893, il
expose également au Salon des Artistes Français
puis en 1898 à la Société Nationale des Beauxarts. Francophile, Spindler va jusqu’à établir
son atelier à Paris dans les années 1890, au 59
avenue de Saxe dans le VIIe arrondissement. Il
se lie avec plusieurs peintres français, notamment Georges Clairin dont il expose le portrait au
Salon de 1894 (cat. n° 1689). Issu d’un milieu très
aisé, l’artiste n’a probablement jamais été dans
l’obligation de vendre ses œuvres et hérite de
l’empire familial à la mort de son père en 1889. Son
œuvre n’en demeure pas moins féconde, comme
en témoignent ses collaborations à l’illustration
de nombreux livres et poèmes d’Oscar Wilde,
Lord Alfred Douglas ou encore Jean Lorrain. En
1895, il illustre The Gods, Some Mortals & Lord
Wickenham de John Oliver Hobbes, pseudonyme
de l’écrivaine anglo-américaine Pearl Craigie. Le
peintre se lie d’une profonde amitié avec cette
dernière, 昀椀lle d’un riche entrepreneur américain,
John Morgan Richards. Spindler participe ainsi
à la décoration de sa somptueuse villa connue
sous le nom de Craigie Lodge sur l’île de Wight.
Partageant une attirance commune pour la littérature et le monde des arts, ils entretiennent une
N
relation tumultueuse durant plusieurs années.
L’Aberdeen Press and Journal annonce même
leur mariage en février 1897, mais l’union n’aura
昀椀nalement jamais lieu, Pearl répondant sans
cesse à des sollicitations professionnelles qui
auront raison de sa santé fragile, puisqu’elle
meurt subitement en 1906 d’un arrêt cardiaque.
otre séduisant portrait 昀椀gure celle qui
fut incontestablement l’autre muse de
Walter Spindler tout au long de sa carrière :
Sarah Bernhardt. Égérie du monde artistique
de l’époque, elle est ici peinte en buste de pro昀椀l,
en costume de scène devant un élégant rideau
de velours rouge aux re昀氀ets dorés. Si son pro昀椀l
aigu est ici un peu adouci et idéalisé par le pinceau, sa singulière chevelure rousse s’impose
sur la toile, hirsute et omniprésente, telle qu’elle
sera arborée l’année suivante par la comédienne
dans son rôle de Cléopâtre (昀椀g. 1). Spindler fait
la connaissance de Sarah Bernhardt dès les
années 1880, et devient rapidement l’un de ses
intimes. En 1887, il réalise ainsi une série de treize
portraits de l’actrice à l’aquarelle3 et expose en
1893 une autre version à l’huile de son ef昀椀gie à
la Royal Academy (cat. n° 126). En pleine gloire,
la tragédienne con昀椀e au peintre les illustrations
de ses mémoires, publiées en 1907 avec de multiples portraits4. L’année suivante, sur l’une de
ses aquarelle représentant Sarah Bernhardt en
Muse de la tragédie, Spindler note quelques mots
qui traduisent bien l’étendue de la vénération qu’il
éprouve pour celle qui fut son modèle presque
exclusif, exerçant sur lui un véritable pouvoir de
fascination : « Tous mes désirs, tous mes vouloirs
me viennent d’elle5 ».
N
1
La date de naissance de Spindler est sujette à débat. Elle a pendant longtemps été 昀椀xée autour de 1878, ce qui paraît
impossible étant donné que les premières œuvres connues de l’artiste sont datées du milieu des années 1880 et qu’il expose
à la Royal Academy dès 1892, aussi nous suggérons une date de naissance vers 1865.
2
Notamment un portrait de lady Jane Henrietta Swinburne à l’exposition de la Royal Academy de 1892 (cat. n° 406)
et une Perséphone à celle de 1896 (cat. n° 11).
3
Plume et encre brune, aquarelle (24 x 16,7 cm chaque), collection particulière.
Sarah Bernhardt est représentée interprétant di昀昀érents rôles dans des pièces de théâtre (Fédora, La Dame aux camélias, Froufrou).
Envoi sur la première page : « à Madame/ Sarah Bernhardt/ Hommage respectueux/ Londres. Juillet 1887. Walter Spindler ».
4
Bernhardt, Sarah, Ma double vie : mémoires de Sarah Bernhardt, avec de nombreuses illustrations, dont plusieurs en couleur,
Paris, E. Fasquelle, 1907.
5
Aquarelle, 20 x 15 cm, Paris, collection particulière. Cat. exp. Stars et monstres sacrés
(Paris, musée d’Orsay, 19 décembre 1986 – 1er mars 1987), cat. n° 121.