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Ulpiano Checa y Sanz
(Colmenar de Oreja, Madrid, 1860 – Dax, Landes, 1916)
F
ils d’un riche propriétaire de carrières
de pierre de la région madrilène, Ulpiano
Checa y Sanz montre très tôt de réelles dispositions pour le dessin et la peinture. Il débute sa
formation artistique en 1873 à l’Académie royale
des Beaux-arts de San Fernando, où il est l’élève
de Manuel Dominguez, Federico de Madrazo,
Alejandro Ferrant et Pablo y Gonzalvo Peres.
En 1884, il obtint une place de pensionnaire à
l’Académie Espagnole des Beaux-Arts de Rome,
d’où il envoie une œuvre magistrale, L’Invasion
des Barbares. Cette toile de grand format lance
véritablement sa carrière en lui obtenant une
médaille de première classe à l’Exposition nationale des Beaux-arts de Madrid de 1887, puis
une médaille d’or à l’Exposition universelle de
Barcelone en 1888, avant d’être acquise par le
musée du Prado. Fort de ce prestigieux succès,
il se forge une solide réputation de peintre d’histoire, tout en accordant un intérêt plus commercial pour les représentations de chevaux et les
scènes de genre dans des décors orientalistes
ou antiquisants. Dès son retour d’Italie, Checa
choisit d’installer son atelier à Paris, d’abord rue
de Douai, puis rue du Faubourg-Saint-Honoré, et
produit des dessins pour la revue L’Illustration
dont il est correspondant. Exposant au Salon
des Artistes Français dès 1888, il y obtient une
médaille de troisième classe en 1890 et y participe
presque chaque année jusqu’en 1914. En 1895,
la Galerie Georges Petit organise sa première
exposition personnelle qui le consacre dé昀椀nitivement sur le plan international, non seulement
en Europe, mais également en Amérique Latine
et au Maghreb. Nommé chevalier de l’ordre de
Carlos III par le gouvernement espagnol en 1891,
il est fait Chevalier de la légion d’honneur en 1894
avant de remporter une médaille d’or à l’Exposition Universelle de 1900.
P
einte sur ce qui ressemble à un couvercle
de boîte à cigares, notre petite huile appartient à la part la plus intime du travail d’Ulpiano
Checa. Elle rassemble harmonieusement une
série de cinq études de jeunes parisiennes saisies sur le motif, vraisemblablement à leur insu,
de face, de pro昀椀l ou de dos, lors de leurs déambulations sur le pavé de la capitale. Rapidement
brossées sur une 昀椀ne préparation blanche et
rehaussées de larges touches grises, roses et
bleues, ces silhouettes s’inscrivent dans le processus créatif de tableaux plus importants prenant pour sujets les lieux emblématiques de la
ville, telles la Place de la République, qui est
remarquée au Salon des Artistes Français de
1889 (cat. n° 558), ou la Place de l’Opéra (昀椀g. 1),
où l’on peut reconnaitre la même 昀椀gure de jeune
femme au parapluie à gauche. Si ces grandes
compositions, fourmillant de détails pittoresques,
évoquent le travail contemporain et à la mode
de Jean Béraud, ou plus tard d’Édouard Cortès,
Ulpiano Checa se singularise par notre type de
petite esquisse plus enlevée, suscitant les éloges
du critique Maurice Guillemot : « Nous préférons
les simples études qu’il rapporte […], d’une vision
directe, intense et subtile à la fois, d’un coloris
pittoresque, d’une habileté charmeresse1 ».
1
Guillemot, Maurice, « Le mois artistique »,
L’Art et les Artistes, 1er octobre 1905, p. 172.
Fig. 1 :
Ulpiano Checa y Sanz,
Place de l’Opéra à Paris, 1889,
Huile sur toile (63 x 91,5 cm), collection particulière.