DWZ catalogue BD - Flipbook - Page 20
Henri Gervex
(Montmartre, 1852 – Paris, 1929)
É
lève d’Alexandre Cabanel et de l’orientaliste Eugène Fromentin, Henri Gervex
connaît une consécration précoce à vingt-deux
ans pour sa deuxième participation au Salon en
1874. Sa toile, Satyre jouant avec une bacchante,
lui vaut une médaille de deuxième classe et est
achetée par l’État pour le musée du Luxembourg.
Il alterne par la suite les thèmes mythologiques
dans la pure tradition académique avec des
portraits et des scènes de genre. Partageant de
plus en plus les préoccupations plus modernes
des premiers impressionnistes, en particulier
leur goût pour les sujets contemporains et la
peinture claire, Gervex se lie d’amitié avec Degas,
Manet et Renoir dans les cafés du quartier de la
Nouvelle Athènes. Depuis le refus pour indécence
de Rolla au Salon de 1878, son succès se teinte
d’un parfum de scandale et le peintre multiplie
les représentations de scènes intimes mettant en
exergue des nus séduisants au réalisme presque
photographique. Vif et spirituel, familier de
Rodin, Helleu, Blanche et Guy de Maupassant,
Gervex mène une carrière brillante, jalonnée
d’honneurs, de distinctions et de commandes
of昀椀cielles en France et à l’étranger. Membre du
jury des Expositions universelles de 1889 et 1900,
il est commandeur de la Légion d’honneur en 1911
(après avoir été fait successivement chevalier en
1882 et of昀椀cier en 1889), et entre à l’Institut en 1913.
Il participe également à la décoration de plusieurs
édi昀椀ces publics comme l’Hôtel de Ville de Paris,
l’Opéra-Comique, le buffet de la gare de Lyon, la
Sorbonne, la mairie du XIXème arrondissement.
N
otre grand pastel sur papier vient souligner toute la maîtrise technique également acquise par Henri Gervex sur le plan
graphique. En effet, à l’image de Degas, l’artiste avait fait du pastel l’une de ses spécialités.
Parallèlement aux Salons, entre 1885 et 1928, il
participe presque sans discontinuer aux expositions organisées à la galerie Georges Petit par
la Société des pastellistes français, dont il assure
la présidence à partir de 1913. Gervex a ici saisi
le nu nacré d’une jeune femme à la chevelure
rousse relevée en chignon, debout, de dos, le
pro昀椀l fuyant, tournée vers sa Psyché, l’imposant
miroir en bois sombre et aux bronzes rutilants
disposé à l’arrière-plan. Comme à son habitude, le
peintre accorde une attention toute particulière
aux effets de lumière sur les chairs, et semble
comme envelopper son modèle d’une vapeur
légère, harmonisant ainsi son délicat teint laiteux aux tonalités de la robe blanche et froissée,
négligemment déposée sur la chaise à gauche.
Empreint d’une grande sensualité, notre pastel
offre le témoignage d’une sensibilité poétique
et raf昀椀née propre à Gervex. Que ce soit comme
amant en titre de la sulfureuse demi-mondaine
Valtesse de La Bigne qui inspira l’héroïne du
roman ou par ses liens privilégiés avec Zola, l’artiste serait en partie à l’origine de la genèse de
Nana. Après les scandales successifs du tableau
de Manet en 1877 et de l’œuvre de Zola publiée en
1879, il n’a de cesse de s’attacher à reprendre le
sujet naturaliste de la courtisane surprise à sa
toilette. En ajoutant à ces scènes un intimisme
délicat alliant la rigueur de composition à une
grande liberté de facture, Gervex parvient à relier
le milieu de la peinture la plus of昀椀cielle au modernités du mouvement impressionniste.