DWZ catalogue BD - Flipbook - Page 18
Dennis Miller Bunker
(New-York, 1861 – Boston, 1890)
N
é à New York, Dennis Miller Bunker commence très jeune sa formation artistique
à la National Academy of Design, avant de suivre
de 1877 à 1879 les enseignements des peintres
Charles Melville Dewey et William Merritt Chase
à l’Art Students League. Il se rend à Paris à
l’automne 1882, où il intègre successivement
les ateliers d’Ernest Hébert à l’Académie Julian
et de Jean-Léon Gérôme à l’Ecole des Beauxarts. D’abord séduit par l’école de Barbizon et
attiré par le pleinairisme, Bunker passe ses
étés dans la campagne française avec Charles
Adams Platt et Kenneth Rylance Cranford, deux
artistes américains devenus ses amis, a昀椀n de
peindre directement sur le motif, au plus près
de la nature. Il retourne à New York en 1885,
puis s’établit à Boston, où il enseigne pendant
près de cinq ans à la Cowles Art School. La
même année, Bunker devient membre des plus
importants cercles artistiques de la ville, le St.
Botolph Club et le Tavern Club, berceaux de
l’impressionnisme américain. C’est ainsi qu’au
cours de l’hiver 1885-1886, il fait la connaissance
d’Isabella Stewart Gardner, célèbre collectionneuse bostonienne, qui le présente à John Singer
Sargent en novembre 1887. Ce dernier l’invite à
passer l’été suivant dans la campagne anglaise,
à Calcott, près de Londres (昀椀g. 1). Au contact de
Sargent, la peinture de Bunker s’imprègne d’un
impressionnisme plus clair et lumineux. En
mai 1889, l’artiste fait la rencontre de sa future
épouse Eleanor Hardy, l’amenant à s’installer en
octobre à New York. Il y peint de nombreux portraits de commandes et de séduisantes études
de 昀椀gures pour lesquelles il remporte le prix
James Ellsworth lors de la troisième exposition
annuelle de l’Art Institute de Chicago en juin 1890.
Il meurt quelques mois plus tard d’une méningite
à l’âge de vingt-neuf ans. Platt et plusieurs de ses
amis lui rendent hommage en organisant en 1891
une exposition de ses peintures et aquarelles
au St. Botolph Club.
N
otre huile sur toile constitue sans aucun
doute l’un des plus étranges et saisissants
paysages de Dennis Miller Bunker. Comme l’annotation « Paris 1884 » le précise en bas à droite,
l’œuvre a été peinte lors du séjour en France
qu’effectue l’artiste dans le cadre de sa formation. Sensibilisé à la peinture de plein-air, Bunker
s’attache ici à saisir l’atmosphère brumeuse d’un
lever de lune en rase campagne. Placé aux deux
tiers de la toile, la ligne d’horizon n’est animée
que par les silhouettes presque fantomatiques
de quelques arbres. Si le tableau a pu être 昀椀nalisé dans son atelier parisien, il est sans doute
plus probable que sa réalisation se rattache au
voyage qu’effectue Bunker durant l’été 1884 dans
la région de Larmor, sur la côte sud de la Bretagne,
zone géographique sujette aux effets de brouillard. La touche fragmentée résolument moderne
vient déjà témoigner de l’intérêt que porte le
jeune peintre aux expérimentations plastiques
des impressionnistes. En associant le traitement
très minimaliste et synthétique de la composition à une gamme chromatique volontairement
restreinte en de subtiles harmonies de gris et
de blancs, Bunker retranscrit ici les principales
composantes esthétiques du tonalisme américain et fait allégeance aux nocturnes de Whistler.
Fig. 1 :
John Singer Sargent,
Dennis Miller Bunker peignant à Calcot, 1888,
huile sur toile montée sur Masonite (68,6 x 64,1 cm),
Chicago, Terra Museum of American Art.