LMI MAG 2 Mars 2020 - Magazine - Page 38
ENQUÊTE
Start-up
Un sourcing multiple pour dénicher
les meilleures start-up
Q
uelles sont les start-up répertoriées dans le fameux Magic Quadrant du cabinet Gartner ? En
tout cas aucune dont le chiffre d’affaires n’atteint
pas plusieurs millions de dollars. Il ne s’agit pas ici de
juger le Magic Quadrant, ce dernier dispose toujours
d’un impact colossal dans le choix des solutions technologiques par les décideurs IT, qui se réfèrent au Gartner
pour des raisons évidentes de pérennité des solutions
dans le temps. Toutefois, le sourcing doit être diversifié surtout pour dégoter la start-up qui correspondra
aux besoins d’un projet innovant. En soi, trouver une
start-up aujourd’hui n’est pas compliqué. Nous avons pu
le constater en sondant les DSI lors de notre IT Tour en
2019. Ils font de la veille et se tournent vers de multiples
sources, comme la presse spécialisée, les écoles, les incubateurs, les salons, les bases de données nationales et locales, sans oublier les clubs de DSI à l’instar de l’ADIRA,
un réseau de la région Auvergne-Rhône-Alpes. L’ADIRA
n’hésite d’ailleurs pas à impliquer les start-up en organisant par exemple des challenges comme le Challenge
Innov’ADIRA. « L’année dernière, c’est le projet de mobilité Shipotsu, pour remplacer les conciergeries dans les
gares et aéroports, qui a été récompensé. Cette année,
douze sont éligibles au Challenge Innov’ADIRA, cela va
des projets artistiques, de défense de la propriété intellectuelle à l’IoT... », rapporte, à ce titre, Mary-José Sylvain,
déléguée générale de l’association.
Les ESN en entremetteurs
Les décideurs s’orientent aussi vers leurs prestataires
ou partenaires intégrateurs, et vers les ESN. Un certain
nombre d’entre eux, surtout les grandes ESN comme
Capgemini ou Atos, entre autres, ont bien compris qu’ils
avaient tout intérêt à fédérer eux-mêmes des écosystèmes
innovants voire sectoriels. « Notre rôle chez Capgemini
est double, nous sommes entremetteur et intégrateur
de multiples solutions auprès des grands groupes »,
indique Patrice Duboé, CTIO chez Capgemini. Sur ses
relations avec les start-up, l’ESN ne veut pas être toutefois
considérée comme un simple accélérateur. « Aujourd’hui,
chaque organisation a lancé son accélérateur, il y en
a trop et la valeur ajoutée est assez modeste. Notre
volonté est plutôt d’être une vitrine au niveau national et
international auprès des grandes entreprises, c’est pour
38 / Mars 2020
cela que nous avons créé les AIE (Applied Innovation
Exchange), des centres d’innovation dans lesquels
évoluent des start-up que nous avons qualifiées en amont.
L’AIE (ndlr : une vingtaine dans le monde) est un espace
pour vivre l’innovation autour de la réalité virtuelle, de la
blockchain, de l’IoT, de l’IA, etc. Les entreprises peuvent
venir visiter les AIE et si elles sont convaincues, nous
les aidons dans la faisabilité de leur projet. Ce qui est
important, c’est d’avoir un pilote, nous ne signons plus de
PoC si ces derniers ne sont pas durables. Trop de PoC ne
servent aujourd’hui à rien dans les entreprises. Enfin, en
juin dernier, Capgemini a lancé Capgemini Ventures, un
fonds d’investissement doté de 90 millions d’euros pour
aider financièrement les start-up qui présentent un réel
intérêt pour nos clients », résume Patrice Duboé.
Les décideurs
se tournent vers
la presse spécialisée,
les écoles,
les incubateurs,
les salons, les bases
de données, etc.
Concernant les ESN de tailles intermédiaires, elles n’ont
effectivement pas forcément les moyens financiers de
soutenir les start-up comme le font leurs grandes sœurs,
mais elles s’avèrent aussi être de bons conseils auprès de
leurs clients. De par leur activité, les collaborateurs les
plus attentifs au sein de ces structures plus modestes font
un travail de veille technologique et s’intéressent, de ce
fait, aux start-up et à leurs innovations. En quelque sorte,
c’est une démarche personnelle mais qui peut ouvrir au
partenaire plus d’opportunités auprès de son client final.