LMI MAG 2 Mars 2020 - Magazine - Page 35
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n 2018, 57 % des DSI ne collaboraient ni avec des
start-up externes ni, pour 64 % d’entre elles,
avec des laboratoires de R&D, selon une étude
réalisée et publiée à l’occasion de la conférence
« OpenDSI : la DSI à la recherche de l’innovation »
organisée par CIO le 20 novembre 2018 au Centre
d’affaires Paris Trocadéro (bit.ly/2GaisBC). Ces chiffres
montrent encore la frilosité de nombreux DSI à
s’ouvrir, même si des efforts incontestables ont été
faits notamment chez les grands comptes et les ETI.
Au cours des huit éditions de l’IT Tour (www.it-tour.fr),
notre rédaction a d’ailleurs pu observer l’évolution
des comportements et des mentalités. Si les premières
années, les décideurs étaient hermétiques à l’expertise
de start-up ou de laboratoires d’innovation, aujourd’hui,
c’est tout le contraire, ils y sont ouverts. C’est d’autant
plus important que l’innovation est souvent portée par
ces start-up, et ce, dans le cloud, les infrastructures, les
logiciels ou encore l’IA. Sur le terrain, cela se traduit par
des initiatives concrètes à l’image de l’entreprise Geodis,
filiale de la SNCF, qui a organisé son premier hackathon en
novembre 2018 et dont le thème était « penser l’entrepôt
de demain ». Il a été remporté par l’entreprise innovante
nommée 10h11, qui avait créé une solution IA pour mieux
prédire les entrées et les sorties des entrepôts Geodis.
« Grâce à cet hackathon, nous essayons, à notre niveau,
d’animer un réseau de start-up innovantes dans le monde
logistique et de la traçabilité », confirmait Henri Linière,
DSI de Geodis et président de l’Adira lors de l’IT Tour à
Lyon en septembre dernier.
Du PoC à l’incubation
De son côté, Compass, l’un des leaders de la restauration
collective, s’est aidé d’une start-up pour créer une caisse
intelligente capable d’effectuer une reconnaissance
automatisée des plats. « Nous avons lancé un PoC avec
Deepomatic ayant pour objectif de gagner du temps en
caisse et ainsi réaffecter nos collaborateurs vers des
tâches à plus forte valeur ajoutée », expliquait Christophe
Orieulx de la Porte, responsable infrastructures et
services chez Compass, lors de l’IT Tour à Aix en octobre
dernier. D’une manière générale, les grandes entreprises
collaborent déjà avec de nombreuses start-up, et
sont même pour certaines devenues des incubateurs,
comme par exemple Enedis, le groupe La Poste ou le
Crédit Agricole, qui a créé le Village by CA. En effet, la
banque française compte près de 45 villages en France,
dans les DOM-TOM et à l’étranger (Luxembourg, Italie)
qui regroupent plus de 600 start-up, ces villages étant
également épaulés par d’autres partenaires locaux privés
et publics. Cet intérêt des grandes entreprises pour les
sociétés innovantes commence à porter ses fruits, un
point conforté par le dernier baromètre annuel de la
relation start-up/grand groupe réalisé par Village by
CA et Capgemini. D’après cette étude, les liens entre
les petits nouveaux et les grands groupes gagnent en
maturité. Les nouvelles pousses prennent davantage
conscience de leur valeur, et côté grands groupes,
l’amélioration de l’expérience utilisateur constitue est
le plus grand bénéfice de leur rapprochement avec ces
dernières. En effet, ils citent ce critère pour 73 % d’entre
eux comme élément de satisfaction majeur, devant le
gain en termes d’image (55 %) et la réalisation d’un Proof
of Concept (55 %).
8e ÉDITION
DE L’IT TOUR
OPENDSI : LA DSI
À LA RECHERCHE DE
L’INNOVATION
Inscription
Article
bit.ly/38tC6oq
bit.ly/2GaisBC
DES PME ÉGALEMENT OUVERTES
AUX START-UP, MAIS PÉNALISÉES
PAR LEUR MANQUE DE RESSOURCES
Parallèlement aux grandes entreprises, de plus en
plus de PME s’inscrivent dans cette approche, elle
s’intéressent à ce qui se fait à l’extérieur pour apporter
de l’innovation à leur transformation numérique. Ces
engagements des PME envers les start-up relèvent
d’abord de la curiosité et de l’intérêt de leur DSI, car
faute de moyens, ces projets ne restent souvent
qu’à l’état de PoC. Prenons l’exemple de la mairie de
Molsheim, une ville de moins de 10 000 habitants dont
le DSI Tristan Humelhans a testé pendant un mois la
solution de Darktrace, une entreprise innovante créée
en 2013 qui a réussi à imposer son savoir-faire dans
la cybersécurité avec une technologie de détection
intelligente des comportements des utilisateurs.
« Les algorithmes vont détecter les comportements
qui sortent de l’ordinaire, analyser les comportements
des usagers et au bout de deux ou trois semaines
apprendre et remonter ceux qui sont hors limite »,
précise le responsable du SI au sein de la collectivité.
Pour des raisons de coût, la mairie, pourtant convaincue
de l’efficacité de la solution, ne l’a pas encore déployée.
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