LMI MAG 2 Mars 2020 - Magazine - Page 16
© Bruno Levy
ENTRETIEN
Sammy ZOGHLAMI
Votre principal concurrent a restructuré ses
équipes en mettant un responsable Europe
à la direction monde pour relancer les ventes
des solutions HCI. Nutanix a fait de même
l'an dernier avec votre prédécesseur désormais
en charge de l'Amérique du Nord. Comment
expliquez-vous le succès de l'hyperconvergence
en Europe et quel modèle peut inspirer les autres
marchés dans le monde ?
SZ : Ç’a été un gros succès en Europe dès le début. Moi
j’ai commencé en 2013 chez Nutanix et à ce moment-là,
ce développement se faisait parce qu’il y avait pénurie.
On sortait d'une période de crise et de multiples sociétés n'avaient plus le staffing au niveau des équipements
informatiques pour gérer tous leurs projets. Donc, toute
capacité à automatiser simplement des tâches du quotidien dans la gestion de l'infrastructure était bienvenue.
L'hyperconvergence a permis à beaucoup de clients de
libérer du temps homme pour d'autres projets. C'était la
première vague d'adoption de l'hyperconvergence et, la
deuxième vague, c'est de commencer à mettre en place
des clouds privés qui s'approchent le plus possible de
l'expérience que l'on retrouve dans le cloud public, mais
en conservant les données et les applications en interne.
On sait qu'en Europe, la pratique du cloud public a mis
plus de temps, il y eut plus de réticences et de frictions.
Aujourd'hui, on voit énormément de sociétés passer dans
le cloud public pour certaines applications. C'est aussi
un vecteur de croissance pour nous sur lequel on mise
notamment en 2020.
A l’heure de la transformation numérique
et de la rénovation des datacenters, le choix
pour les DSI se résume à deux options : aller vers
le cloud (BP vient par exemple de passer toute
l'infrastructure AWS) ou gagner de la souplesse
en interne avec un cloud hybride. Aujourd’hui,
selon Rajiv Mirani, CTO chez Nutanix, que nous
avons rencontré en octobre à Copenhague lors
de votre événement .Next 2019, seulement 5%
de vos clients passent du cloud privé au cloud
public, comment expliquez-vous le peu
de passerelles entre les deux ?
SZ : Il faut regarder la situation par rapport aux ap-
plications. Aujourd'hui, les applications cloud massive
sont encore minoritaires au niveau de la production informatique de nos clients. Par contre, c'est un domaine
qui se développe très vite, mais ce sont les premières
applications éligibles au cloud public qui font sens dans
16 / Mars 2020
Cloud privé ou public ? « La finalité est bien d'être
sur un cloud hybride pour les clients. »
le cloud public. Donc, il faut que cet état d'applications
cloud natives s’étende chez tous nos clients pour que la
norme soit de se développer bien plus sur le cloud public.
Bouger des applications traditionnelles sur le public est
une opération beaucoup plus compliquée qui nécessite
de retravailler l'application au format du public et donc
qui, forcément, est un chantier d'expertise technique
qui est assez long et complexe. Vous avez énormément
de clients qui ne se sont pas lancés dans ce chantier,
certains s’y sont risqués mais vont mettre des années à
voir leur projet aboutir. Vous avez aussi plein d'acteurs
de l'infrastructure qui essayent de retenir les clients
sur le cloud privé, ou sur leur data center, parce qu'ils
n'ont pas de proposition de valeur dans le cloud public.
Vous avez tout un écosystème qui contribue également
à ralentir la migration. Mais la finalité est bien d'être
sur un cloud hybride pour les clients. Je sais qu'il y a un
consensus sur le sujet et vous voyez de plus en plus de
clients qui désormais prennent leurs décisions d'investissements d'infrastructure dans leurs data centers, vers
des technologies qui leur permettent aussi d'aller dans
le cloud public. Aujourd'hui, les fournisseurs qui n'ont
pas de réponse, de fonctionnalités, de capacité à traiter
les applications dans le réseau public, vont commencer
à souffrir sérieusement sur le marché.