LMi MAG 10 Nov 2021 - Flipbook - Page 10
© Bruno Levy
ENTRETIEN
Armelle DEGENÈVE
Directrice de l'Agence pour l'informatique financière de l'Etat
absorption de la croissance des volumes et du nombre
d’utilisateurs... Nous avons l’obligation de mettre à disposition de nos publics des outils compréhensibles, sinon,
la réaction est « ça ne marche pas ! ». En particulier, un
de nos défis est que tout soit suffisamment ergonomique
et compréhensible pour un public de non-spécialistes, de
dirigeants de TPE/PME ou d’indépendants.
Dans les grandes évolutions des prochaines
années, il y a la facturation électronique
interentreprises obligatoire. Pourquoi
une telle révolution ?
AD : Effectivement, l’ordonnance du 16 septembre 2021
généralise les transactions électroniques domestiques
B2B et la transmission électronique des informations de
facturation internationale et B2C.
Cette obligation entraîne des bénéfices pour plusieurs
publics. Pour les entreprises, il y a un fort allègement
de la charge administrative à deux niveaux : le gain de
productivité sur le processus de facturation grâce à la
facturation électronique elle-même, puis, à terme, via la
simplification des déclarations fiscales (grâce à du préremplissage sur le modèle de la déclaration de revenus
des particuliers). Il y aura aussi un gain sur les délais de
paiement. Côté administration fiscale, nous allons améliorer la détection de la fraude, y compris au bénéfice des
contribuables de bonne foi. Enfin, plus généralement,
cela va permettre à l’Etat de mieux connaître l’activité
des entreprises et ainsi de mieux cibler les actions de
soutien à l’économie avant d’en mesurer plus aisément
et rapidement l’efficacité.
Nous estimons la volumétrie à deux milliards de factures
à traiter par an.
Quel va être votre rôle dans cette révolution ?
AD : En collaboration avec la DGFiP (Direction générale
des finances publiques), l’AIFE va s’appuyer sur Chorus
Pro pour créer la plateforme publique de gestion de cette
facturation électronique.
Par rapport à Chorus Pro, il y a deux nouvelles spécificités particulièrement importantes : l’annuaire de routage
des factures (qui émet sous la responsabilité de qui et à
destination de qui) et le concentrateur pour transmettre
les données utiles à l’administration fiscale.
10 / novembre 2021
« La migration de Chorus de SAP ECC 6 vers SAP S/4HANA est
hautement probable, car nous avons étudié les différentes options sur
le marché et c'est ce qui semble le plus pertinent », Armelle Degenève,
directrice de l'Agence pour l'informatique financière de l'Etat.
Nous avons là encore une volonté de coconstruction avec
toutes les parties prenantes, dont les entreprises privées
et les éditeurs de logiciels de facturation/comptabilité.
Nous organisons des ateliers communs depuis 2021.
Nous voulons donner le plus en amont possible toutes les
informations nécessaires à l’ensemble de l’écosystème
pour que chacun puisse adapter ses outils et processus.
Récemment, ce sont ainsi les spécifications de la future
facturation électronique interentreprises obligatoire qui
ont été publiées.
Revenons aux infrastructures. La tendance
est au cloud, y compris dans la stratégie
présentée par le gouvernement. Qu'est-ce
que cela implique pour vous ?
AD : Comme toute les entités publiques, nous nous devons
de nous inscrire dans des règles précises. Par exemple,
nous ne pouvons adopter que des clouds répondant aux
exigences SecNumCloud avec un cloisonnement tenant
compte des nécessités de sécurité. Tous nos projets
actuels et futurs sont obligatoirement dans ce cadre.
Nous sommes extrêmement attentifs aux offres en
construction sur le marché, notamment pour faire baisser les coûts.