Fabienne Verdier- Retables, Lelong&Co, Paris - Flipbook - Page 12
CE JOUR OÙ
LA VIE
A DES AILES
Pour cette troisième exposition à la galerie Waddington Custot à Londres,
Fabienne Verdier a peint une toute nouvelle série d’œuvres sur laquelle elle
travaille depuis presque quatre ans. Il s’agit non plus tout à fait de tableaux
mais plutôt de retables. J’ai eu la chance d’aller les découvrir à l’atelier.
J’aimerais vous faire part de mon émotion quand je les ai découverts et
observés un à un.
Se retrouver devant un de ses retables permet de vivre une expérience
assez inédite et bouleversante. Laissez-moi vous emmener à l’atelier. Il
faut d’abord faire une heure de route depuis Paris. Traverser, dans les dix
derniers kilomètres, des champs de colza ou de blé, sur les collines et les
plaines qui entourent Auvers-sur-Oise. Dans le petit village, la verrière zénithale de l’atelier vous indique que vous approchez du lieu de création. Une
fois entré, vous distinguez sur les murs plusieurs assemblages de panneaux
de bois : des triptyques dont les deux volets latéraux sont fermés. Dans
l’interstice de quelques dizaines de centimètres entre les deux volets apparaissent de façon énigmatique les prémices d’une forme en mouvement sur
un champ vibratoire de pigments de couleurs.
Intrigué, on s’approche. On devine à présent deux petites charnières noires
sur le haut et le bas du volet, et l’on tend alors spontanément la main vers le
bord du premier volet pour l’ouvrir, par un geste qui décrit une sorte d’arc
de cercle dans l’espace. Le premier panneau une fois déplié révèle la partie
gauche du tableau. Quelques pas latéraux et vous voici désormais à proximité du second volet sur la droite du retable. Par un mouvement similaire
de l’avant-bras, l’aile droite s’ouvre et le tableau se déploie dans toute son
envergure.
En reculant de plusieurs pas, le regardeur se retrouve capté, entouré, enveloppé par le sujet du tableau, dont la composition s’élance à partir d’un
volet, traverse le panneau central et poursuit sa course vers le second volet.
On pense à la magie des ailes de papillons, à la vision à 180° d’un paysage,
à l’émotion devant un nouvel horizon. Grâce à notre vision binoculaire, un
jeu d’aller et retour s’initie de part et d’autre du retable. Nos rétines fonctionnent peu à peu comme des capteurs stéréoscopiques qui perçoivent la
peinture dans l’espace.
Pour cette exposition, les toiles de Fabienne Verdier explorent les formes
du vivant. Elle a imaginé une sorte d’inventaire de l’énergie du monde. La
découverte de chaque retable devient un voyage. Voici les titres qui ont
accompagné ces découvertes à l’atelier :
Tu rêves près des ondes
Ce qui sans bruit chemine
Les aiguilles, de nuit et de silence
Me promenant par les chemins broussailleux
Rien que le grand air
Dans la forêt
Vers le Grand Nord
Tempête
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