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Aucune gravure des volumes publiés n’est en
rapport avec ce très grand dessin mais il existe une
gravure anonyme (une épreuve est conservée au
Getty Research Institute) qui atteste que l’artiste
travailla sur le sujet. De nombreux motifs de cette
gravure sont des emprunts directs au présent
dessin. Plusieurs autres feuilles sur le même thème,
certaines reprises à l’aquarelle, sont connues (voir,
par exemple, cat. exp. Louis-François Cassas 17561827 dessinateur voyageur, Tours et Cologne, 19941995, no. 83).
Exécuté a posteriori, à partir de nombreux croquis
pris sur le vif, ce grand dessin frappe par l’originalité
de sa composition. Cassas prend le parti de décrire
la jonction de deux cortèges en un espace presque
abstrait, sans zone d’ombre, dont la profondeur n’est
suggérée que par l’échelle des figures représentées.
Si l’artiste limite son décor à quelques colonnades
et autres ruines rapidement suggérées en quelques
traits de pierre noire, il confère toute l’attention de
sa plume aux personnages et animaux. Avec une
précision de miniaturiste, il décrit les lourds paquets
portés par les chameaux comme la disparité des
costumes ethniques.
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On distingue ainsi le long des cortèges les kurdes
coiffés de chapeaux pointus, à cheval, armés de
longues lances, chargés de protéger la caravane
des pillards. Grâce à son travail sur le motif, Cassas
avait à sa disposition un véritable catalogue de costumes et d’attitudes pour la réalisation de ce type de
dessin. Le décor devient ainsi sous sa plume une
sorte de scène de théâtre où il peut introduire les
acteurs souhaités. Le groupe de la partie inférieure
gauche illustre bien ce procédé, en associant des
cavaliers très antiquisants à une scène typiquement
nomade de pause-café. Nul doute que l’artiste a
pris quelques libertés, notamment en figurant certains bédouins avec des vêtements courts laissant
apparaître des torses, des bras et des jambes de
guerriers néo-classiques. Son intention est de proposer une composition qui évoque le fourmillement
cosmopolite d’une caravane orientale sillonnant à
travers les ruines.
Maximilien Ambroselli
Louis-François CASSAS (1756 – 1827)
Un mariage au Caire
Pierre noire, plume et encre noire
Avec inscriptions “N°- 24“ (recto) et “N° 121 Le Grand Caire / LF Cassas“ (verso)
31 x 94,5 cm.
PROVENANCE:
Louis-François Cassas, puis son fils Hippolyte; Hôtel Drouot, Paris, 14-16 janvier 1878, partie du lot 195 (“Dessins
à la plume, au trait, lavis d’encre de Chine et de bistre. 32 pièces”) (à Calando).
Émile Calando (L. 837, deux fois); Hôtel Drouot, Paris, 11-12 décembre 1899, partie du lot 155.
Louis Bongard (sa marque, pas dans Lugt).
Partant de Constantinople en octobre 1784, Louis-François Cassas visite la Grèce et une grande partie du
Levant avant d’arriver au port de Damiette, en Égypte,
en mars 1785. L’artiste remonte le Nil jusqu’au Caire en
passant par Mansoura. S’il ne reste que dix jours dans
la cité orientale, il rapporte de son séjour une multitude
d’études qu’il prend le soin de répertorier et mettre au
propre à Rome puis à Paris, dans le cadre de son projet
d’illustration du Voyage pittoresque de la Syrie, de la
Phénicie, de la Palestine et de la Basse Egypte, commandé par le comte de Choiseul-Gouffier.
Le présent dessin, figurant un mariage au Caire, peut
être rapproché d’une gravure du même sujet, publiée
dans l’ouvrage paru en 1799 (Le voyage pittoresque de
la Syrie, de la Phénicie, de la Palestine et de la Basse
Egypte, tome III, Paris, 1799, pl. 63). Sur un fond d’architecture rapidement esquissé à la pierre noire, une multitude de personnages minutieusement décrits à la plume
s’étirent de part et d’autre du cortège nuptial. La scène
est en partie décrite au sein de la notice du Voyage
pittoresque, la jeune épouse, “voilée et encadrée par
deux de ses plus proches parents, marche sous
un dais porté par quatre esclaves. Les musiciens
sur des chameaux font retentir l’air du bruit de leurs
énormes tambours”.
Maximilien Ambroselli