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La seconde porte, au fond à gauche, donne accès
à la Chapelle Sixtine. La scène est donc dessinée
depuis l’angle sud-ouest de la Sala Regia, vers les
baies septentrionales. De part et d’autre de la porte
sur laquelle débouche la Scala Regia, Barbault a
esquissé la partie droite de La Bataille de Lépante et
Les Préparatifs de la bataille de Lépante peints par
Giorgio Vasari en 1572-1573.
le pittoresque de l’une des fêtes les plus marquantes de l’année à Rome.
En 1748, Jean Barbault était arrivé depuis peu à
Rome, sans doute en février de l’année précédente.
Élève de Jean Restout selon Jean-François de Troy,
concurrent malheureux au Grand prix de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1745, il
avait voyagé à ses frais et n’était pas pensionnaire
au palais Mancini. Il participa pourtant à la fameuse
Caravane du Sultan à la Mecque, mascarade turque
faite à Rome par Messieurs les pensionnaires de
l’Académie de France et leurs amis au carnaval de
l’année 1748. Le directeur de l’Académie de France,
Jean-François de Troy, lui commanda une série de
vingt tableaux représentant ses camarades costumés qu’il peignit entre le printemps et l’automne.
En parallèle, il donna deux gravures pour les Varie
Vedute di Roma Antica e moderna publiées cette
année-là par Fausto Amidei. En 1751, il peignit encore La Mascarade des Quatre Parties du Monde,
immense cortège de plus quatre mètres de long
évoquant une fête sans doute jamais réalisée (Besançon, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie,
inv. D.843.1.10) et entama sa fameuse série de petits
tableaux de costumes italiens, souvent répétés.
Il est peu probable que Barbault ait eu le privilège
d’assister en personne à la cérémonie, réservée
aux plus hauts dignitaires de la cour pontificale. En
revanche, il l’a sans doute recomposée en admirant
le cortège du connétable Colonna à travers les rues
de Rome, sujet d’une autre eau-forte non signée
mais dont l’attribution à Barbault ne fait aucun doute
par comparaison avec la seconde. (H. 259; L. 502
mm au coup de planche. Un exemplaire à Londres,
The British Museum, inv. 1871,1209.4638. Voir Gori
Sassoli, op. cit., repr. p. 45, fig. 4). Elle illustre, dans
une topographie recomposée, la somptueuse procession s’avançant depuis le palais Farnèse sur la
gauche, traversant le Tibre sur le Ponte Sant’Angelo,
passant devant le château Saint-Ange et pénétrant dans le palais du Vatican par la colonnade du
Bernin, tel que le décrivit le Diario ordinario imprimé
par Chracas (Diario ordinario, n° 4830, 6 juillet 1748,
Premières œuvres connues de la chronologie de
p. 5-6).
l’artiste, ce dessin et les deux gravures représentant
Les pensionnaires de l’Académie de France à Rome la Chinea portent ainsi en germe ce qui fit le succès
de Barbault : une vision pittoresque du peuple et de
furent souvent associés aux festivités entourant la
remise de la Chinea depuis sa reprise en 1738 par la la noblesse romaine, au quotidien scandé par les
couronne espagnole. Chaque année sans interrup- fêtes religieuses et les cérémonies solennelles dans
un décor grandiose, bâti par les hommes et sculpté
tion jusqu’en 1748, l’un d’eux fut chargé de donner
le dessin d’au moins une des deux “macchine“ qui par les siècles.
ornaient la place Farnèse devant l’ambassade d’Es- Nicolas Lesur
pagne. De 1738 à 1740, ce fut Pierre Ignace Parrocel,
puis François Hutin de 1741 à 1743, enfin Louis-Joseph le Lorrain de 1744 à 1748. Leurs créations
éphémères sont bien connues grâce aux gravures
qui en étaient tirées pour être offertes aux dignitaires
du Sacré collège et du royaume de Naples. La première machine était incendiée le soir de la remise
du tribut, la seconde la nuit suivante, prélude à des
festivités appréciées de tout Rome. Or, sur la gravure
de la procession, figure la “prima macchina“ dessinée par Le Lorrain en 1746. Pourtant, si l’on en croit
la date portée sur la première gravure, le dessin représente la cérémonie de 1748 qui eut lieu après les
vêpres le vendredi 28 juin, veille de la fête de saint
Pierre et saint Paul. Plus qu’une description historique, ces deux gravures, dont la seconde scène fut
donc préparée par notre dessin, traduisent
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