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HERITAGE RESORTS
stories
Le Batelage, Bel Ombre
la côte sauvage se dévoile
10H45. J’ENTAME LA DESCENTE
VERS LE VILLAGE DU MORNE.
Les premières odeurs de faratas, gâteauxpiments et autres halims, se mélangent aux
effluves de l’air salin.
Au loin, entre les Filaos, se détache le lagon
aux multiples nuances de vert. Il est ceinturé
par la barrière corallienne, où vient se fracasser
la houle du Sud. La mer y est plus rude et les
alizées arrivent de plein fouet. Mes appareils
argentiques posés sur le siège passager, toutes
fenêtres ouvertes, je rentre dans un nouveau
territoire. C’est les Portes du Grand Sud, là où
l’authenticité prend tout son sens.
La côte sauvage se dévoile.
Cela va bientôt être l’heure de la pose.
Le postier sur son vélo enlève sa casquette,
et un groupe de cantonniers abandonne,
temporairement, le chantier pour se glisser à
l’ombre d’un multipliant. Histoire de mieux
digérer, ils entament alors une partie de
dominos sur un morceau de carton. Dans cette
région, où les montagnes côtoient le littoral, le
temps prend une autre dimension.
A cette heure avancée, les villages aux noms
enchanteurs (l’Embrasure, Choisit, Beaux
Champs, Pomponnette, Bel Ombre...) qui se
succèdent le long de la route côtière, ont déjà
entamé une grande partie de leur journée.
On y prend son temps.
Les pêcheurs dans leurs pirogues accostent
le rivage, les “piqueurs d’ourites” vident
l’eau de leur bottes adossés à un cocotier,
et les quelques élèves pratiquant l’école
buissonnière, en sont déjà à leur deuxième
bain de mer.
Tous ces habitants du sud, ont un point en
commun, le regard toujours tourné vers la mer,
vers l’horizon...
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On croisera pêle-mêle sur cet itinéraire,
d’anciennes cheminées sucrières et des criques
isolées. On y perd un peu ses repères.
Quoi de mieux que le noir et blanc pour
accentuer encore plus cette sensation
d’intemporalité ?