Numéro 02 LexMag - Magazine - Page 54
LIFESTYLE
Portrait
Et Saul est arrivé assez vite parce que ça fait
référence à beaucoup de choses. Au premier
roi d’Israël, ça faisait référence indirectement
à ce personnage de Saul Goodman, donc à
Better Call Saul, e昀昀ectivement, mais aussi à
Saint-Paul, à la musique soul. On s’est dit aussi
que c’était un nom qui pouvait être prononcé
facilement à l’étranger et qu’on n’aurait pas
besoin de le changer.
élément d’amélioration de la vie quotidienne
et non comme une obsession. Enfin, ce qui
a le plus de valeur pour nous, je pense, c’est
la liberté, la liberté de faire ou de ne pas faire,
de choisir un dossier, un client, de dégager du
temps pour faire autre chose.
[S.J] Ce qu’on ressent de toi, de ce que j’entends,
c’est que tu es heureux en tant qu’avocat. C’est
presque un miracle, parce qu’être heureux dans
cette profession, ça n’est pas si simple que ça.
Tu prends des risques, tu essaies de rester
proactif dans ses décisions, dans ses choix.
[S.J] As-tu eu la sensation de prendre des
risques en te lançant dans l’entrepreneuriat,
avec la création de ton cabinet d’avocats
« Saul Factory » ? Et si oui, lesquels ? Quels
conseils donnerais-tu avant de lancer
son cabinet ?
[F.E] Non, je ne sais même pas si c’est simple
ou pas simple. Je pense que c’est une question
de caractère. Je savais, mais ce n’est pas
parce que mes parents sont commerçants,
ce qu'est une profession libérale, mais
je savais très vite que je n’arriverais pas
à évoluer dans un microcosme, dans un
cabinet très organisé, stratifié, etc. Je savais
que ce ne serait pas pour moi.
[F.E] Quand on est collaborateur et quand on
devient associé de son propre cabinet, ce n’est
pas le même métier. Ce ne sont pas les mêmes
contraintes, mais c’est beaucoup plus stimulant
parce que je pense que si l’on s’investit
beaucoup, ça ne peut que marcher d’abord ; et
ensuite, vu que c’est le fruit du hasard et de la
connaissance, je pense qu’on est à même de
faire de plus gros dossiers ou des dossiers plus
importants quand on s’installe ou quand on
crée son cab que quand on augmente au fur
et à mesure dans une structure. Le hasard vous
fait rencontrer des gens, dans les endroits les
plus anodins et improbables : un restaurant,
un train, même un coin de rue. Les dossiers
se trouvent partout parce que l’avocat qui
s’installe les cherche partout.
Et tu disais heureux. Oui, je suis même très
heureux parce que c’est une profession qui,
telle que je la fais, telle que je l’exerce est faite
pour moi. J’ai lu un récit d’un avocat qui disait :
« à chaque dossier que j’ouvre, c’est comme
un nouveau roman. » Je ne dirais vraiment
pas ça ou alors ce serait du kafkaïen. Il y a des
dossiers très chiants, il y a des gens absolument
abjects. Donc non, ce n’est pas marrant tous
les jours. Mais avec le temps et avec le degré
de liberté, j’ai des dossiers où les clients sont
de plus en plus désirables ; des clients qui
sont référencés ou recommandés par des
gens de notre univers, en qui j’ai rapidement
confiance, et avec qui je sais que je vais
travailler très longtemps. J’ai des clients de
plus en plus sympas, parfois intéressants, voire
passionnants. Je suis chanceux !
Après, si j’ai un conseil à donner, je dirais qu’il
faut bien s’associer. Parce qu’être seul, c’est une
chose, être à deux, à trois, à dix, c’en est une
autre. Nous, chez Saul, on est à deux depuis
longtemps. Parce que nous avons le même
rapport au travail. Nous considérons le métier
d’avocat de la même façon, avec du recul, sans
tomber dans un rôle, sans le côté compassé.
Et puis, nous entretenons le même rapport
avec l’argent, que nous considérons comme un
[S.J] D’ailleurs, on pourrait presque dire
qu’un bon client fait aussi un bon avocat.
54