Numéro 02 LexMag - Magazine - Page 4
ÉDITO
ÉDITO
L’Odyssée de Jean-Ba :
échapper au burn-out
et se réinventer
Il
passer de toréador à éleveur de moutons. Sophie,
avec une sérénité agaçante et un calme olympien,
l’invita chez elle pour discuter de solutions,
et accessoirement boire des tisanes relaxantes.
Jean-Ba était réputé pour ses compétences
légendaires : il pouvait réciter le Code pénal
à l’envers tout en jonglant avec les articles de la
Convention européenne de sauvegarde des droits
de l’Homme. Mais cette expertise avait un prix.
Son agenda était plus chargé que les châteaux
de la Loire pendant la haute saison touristique.
Ce soir-là, assis sur un coussin de méditation
— une invention perfide de l’Orient pour tester
notre capacité de résilience — Jean-Ba, une
tisane à la camomille entre les mains, écouta
Sophie lui parler de développement personnel,
de pleine conscience et autres niaiseries zen.
Jean-Ba, d’abord sceptique, accepta finalement
d’essayer, poussé par un désespoir qui ferait
pâlir une huître de Cancale.
était une fois, dans la ville anxiogène de
Paris, un avocat prénommé Jean-Baptiste,
surnommé par ses pairs « Jean-Ba le
Torturé ». Non pas parce qu’il aimait lire Kafka
le dimanche, mais parce que sa conscience était
aussi tourmentée qu’un roman russe.
Première étape : la méditation. S’asseoir en silence
pendant dix minutes était pour Jean-Ba aussi
accessible que de convaincre un contribuable
de se réjouir de la hausse des impôts. Sa première
séance fut mémorable : tandis qu’il tentait de se
concentrer sur sa respiration, son esprit s’échappa
vers les horreurs des crimes de son client. Il finit
par s’endormir en position du lotus et se réveilla
avec des membres engourdis, mais, étrangement,
il se sentait un peu moins épuisé. C’était déjà ça
de pris. Comme l’a dit l’illustre Eckhart Tolle :
la principale cause du malheur n’est jamais la
situation, mais vos pensées à son sujet .
Chaque matin, Jean-Ba se réveillait à l’aube, son
cœur battant la chamade, un peu comme un
marteleur déchaîné sur une enclume de 1842.
Son café noir, aussi amer que ses pensées, ne
suffisait jamais à adoucir la perspective des douze
heures de travail qui l’attendaient. Son costume
trois-pièces, parfait uniforme de combat, était
plus une armure qu’un habit. Il se lançait dans
une journée d’audiences, de réunions, et de
consultations, le tout agrémenté de quelques
appels frénétiques de clients paniqués.
Un jour, alors qu’il était pris dans une plaidoirie
particulièrement ardue, Jean-Ba sentit le sol se
dérober sous ses pieds. Était-ce le fameux burnout dont tout le monde parle, ou simplement le
poids écrasant de sa conscience ? Pris de panique,
il appela à l’aide sa vieille amie Sophie, ancienne
avocate reconvertie en coach de vie, ce qui, dans
notre monde contemporain, est un peu comme
Ensuite, Sophie lui suggéra de tenir un journal
de gratitude. « Écrire tous les jours, vraiment ? »
grogna Jean-Ba, plus habitué à taper des mémos
incendiaires qu’à gri昀昀onner des mots doux.
Mais il s’y mit. Au début, il ne trouvait rien de
remarquable à noter. « Merci pour… euh… le
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