Fragonard - Marguerite Gérard. Une révélation, des propositions. Exposition mars 2025 - Catalogue - Page 22
Jean Honoré Fragonard, Le Verrou ovale
des femmes, ouvrant la voie à un
anthropomorphisme des accessoires
esquissé dans Le Verrou ovale et
pleinement assumé dans Le Verrou
du Louvre24. Le travail des matières
amorcé dans ces scènes licencieuses
de dortoirs invite à affiner la datation
du dessin « Rothschild » du Verrou
en la situant ultérieurement, soit
après 1765 (ill. 3), une hypothèse
que conforte la souplesse du tracé à
la plume et au lavis25. Il semble que
Fragonard ait souhaité réinterpréter
ce dessin, comme une variation,
pour exécuter le Verrou ovale. Nous
proposons de le dater vers 1769-1770,
car sa manière, sa vivacité et son
sujet correspondent à un moment
particulier d’expérimentations
picturales de la carrière de Fragonard.
Le tracé au graphite du Verrou ovale,
caractérisé par un redoublement des
traits, appelle immanquablement
la comparaison avec la feuille
rassemblant des Esquisses de
portraits (ill. 9) identifiée par
18
24. Daniel Arasse avait relevé les allusions corporelles et
sexuelles sur la peinture du Louvre, comme les plis du
rideau à gauche évoquant le sexe masculin, les plis écartés
à l’arrière-plan suggérant le sexe féminin, les angles du
coussin redressés comme une poitrine féminine et l’angle
du lit ressemblant à un genou plié recouvert d’un drap
blanc. Voir Daniel Arasse, Histoires de peintures, Paris,
Gallimard, 2006, p. 318.
25. À noter que le dessin Rothschild partage également
le même format du papier : 25 cm de hauteur sur 38 cm
de largeur environ. Mais nous ne savons pas s’ils sont
également exécutés sur un papier produit par D&C
Blauw, régulièrement employé par Fragonard et son
collègue Hubert Robert.