Numéro 02 LexMag - Magazine - Page 18
RÉDAC
Histoires d'avocats
Ses Confrères
l’apprécient : les
anciens pour son
respect constant
des traditions, les
plus jeunes pour
son éloquence
à la fois mesurée
et passionnée. Même
ses adversaires
politiques admirent
un caractère loyal
et chevaleresque
Sous la Restauration, Berryer est, avant tout,
avocat. Ses Confrères l’apprécient : les anciens
pour son respect constant des traditions, les plus
jeunes pour son éloquence à la fois mesurée et
passionnée. Même ses adversaires politiques
admirent un caractère loyal et chevaleresque.
Aussi, dès l’âge de 29 ans, siège-t-il au conseil de
l’Ordre. Berryer aura comme une destinée : celle
de « plaider presque toujours pour des vaincus.
Le malheur et la faiblesse l’attiraient et lui fournissaient en même temps ces mouvements d’éloquence les plus pathétiques (…) et on le connaissait
si bien que dans les camps les plus opposés, on
n’hésitait pas à solliciter le secours de sa parole
[7] ». Il est ainsi aux côtés de son père quand il assure la défense du Maréchal Ney [8], qui, après
avoir promis à Louis XVIII de ramener l’usurpateur dans une cage de fer,
a livré son armée et son honneur à Napoléon. S’il ne parvient pas à éviter
son exécution, en revanche, pour le Général Debelle qui, au cours des cent
jours, a combattu les troupes royales, il obtient en définitive sa grâce par
le Roi. Il parvient également à obtenir l’acquittement à l’unanimité moins
une voix de Cambronne, accusé devant le Conseil de guerre de Paris, puis
le Conseil de Révision, d’avoir trahi et attaqué la France et son gouvernement, en accompagnant Napoléon à son retour de l’Île d’Elbe. Ce qui pouvait être la marque certaine « d’une âme loyale et généreuse [9] », provoqua
les clameurs d’opposants de l’extrême droite, qualifiés en
retour par Berryer « d’écrivains à gage ».
[...] son client
vient le trouver :
« je vous dois plus
que la vie, je vous
dois la liberté
et l’honneur ».
Il plaide aussi des a昀昀aires civiles plus communes, mais,
toujours, en se distinguant par sa hauteur de vue. Il occupe ainsi avec succès pour le Banquier Seguin contre le
Banquier Ouvrard. Le lendemain, celui-ci se présente chez
Berryer. Il lui demande de le défendre dans ses autres procès. Il défend les auteurs de l’adaptation de Lucrèce Borgia
en opéra de drame contre Victor Hugo. Le poète affirmera
par la suite : « Je n’ai jamais plus admiré qu’aujourd’hui le
prodigieux talent de Monsieur Berryer [10] ». En 1826, il plaide pour les héritiers du Procureur général de La Charolaise, di昀昀amé par le journal d’extrême droite L’Étoile, alors même que ce dernier avait mené une guerre
acharnée de son vivant contre la compagnie de Jésus. Il écarte les anciens
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