Fragonard - Marguerite Gérard. Une révélation, des propositions. Exposition mars 2025 - Catalogue - Page 12
Jean Honoré Fragonard, Le Verrou ovale
ill. 1 : Jean Honoré
Fragonard, Le Verrou,
vers 1777-1778,
huile sur toile,
74 x 94 cm,
Paris, musée du Louvre.
U
n intérieur d’appartement
dans lequel sont un jeune
homme et une jeune fille,
celui-ci fermant le verrou de la porte,
l’autre s’efforçant de l’en empêcher.
La scène se passe auprès d’un lit dont
le désordre indique le reste du sujet2.
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2. « Un Tableau du même mérite que le précédent, et d’un
sujet tout opposé ; il est connu & gravé sous le titre du
Verrou : il représente un intérieur d’appartement dans
lequel sont un jeune homme & une jeune fille, celui-ci
fermant le verrou de la porte, l’autre s’efforçant de l’en
empêcher. La scène se passe auprès d’un lit dont le
désordre indique le reste du sujet. Rien de plus ingénieux
& de plus gai que ce Tableau, & rien de plus satisfaisant
que la manière dont il est rendu ; cet habile Artiste a
placé le groupe des deux figures sous le principal effet de
lumière, et dans des attitudes si gracieuses et si piquantes
à la fois, qu’il est impossible de rien perdre de l’intention :
toutes les parties de l’ensemble sont également achevées
& pleines de chaleur jusque dans la plus précieuse
exécution ; il doit être bien peu de personnes que de
pareils Tableaux ne séduisent, & qui n’en conçoivent une
grande idée des progrès de notre École. Sur toile, Hauteur
27 pouces, largeur 34 pouces. » Description de la vente
posthume de la collection du marquis Louis-Gabriel
de Véri, 12 décembre 1785, lot 37.
C’est ainsi que le célèbre tableau
du Louvre, Le Verrou, est décrit
dans le catalogue de la vente du
marquis de Véri en 1785, où il
figure accompagné de son pendant,
L’Adoration des bergers (ill. 1 et 2)3.
Érigé tantôt en icône de la
peinture française, tantôt en image
archétypale du désir, Le Verrou a
suscité une abondante littérature sur
l’iconographie libertine ainsi que
sur l’exploration des dynamiques
charnelles et amoureuses, dans
laquelle son ambiguïté, sinon
sa violence, ont été longuement
3. Ce dernier a été offert au musée du Louvre en 1988,
rejoignant ainsi Le Verrou qui y était déjà conservé
depuis quatorze ans. Voir la bibliographie détaillée et
antérieure dans Fragonard amoureux, galant et libertin,
dir. Guillaume Faroult et al. (cat. exp., Paris, musée du
Luxembourg, 16 septembre 2015-24 janvier 2016), Paris,
RMN, 2015, cat. 72.