Numéro 02 LexMag - Magazine - Page 12
RÉDAC
Histoires d'avocats
Il reprend son activité
d’avocat, mais, très
vite, il rejoint la
résistance en 1940.
En janvier 1941, il est
arrêté pour propagande gaulliste,
pour la distribution
de tracts anglophiles
j’aurais embrassé mon frère [23] », écrit Albert Naud, qui sera l’avocat d’autres collaborateurs. Ce sera le cas en 1944 de Henri
Beraud, condamné à mort pour intelligence
avec l’ennemi, qui sera gracié. Tout comme
l’essayiste Robert de Beauplan en 1945, dont
la peine de mort sera commuée en perpétuité et Mathilde Carré, l’espionne dite « La
Chatte » [24], Henri Labroue inculpé en juin
1946 pour atteinte à la sécurité extérieure de
l’État [25] et Adrien Marquet [26] en 1948, ou encore de trois anciens gardiens du camp de concentration de Natzweller-Struthof en 1955 [27].
Albert Naud défend aussi avec Tixier-Vignacourt, l’écrivain, extradé du Danemark, Louis-Ferdinand Céline, entre 1947 et 1951 [28]. Le 15 février 1949,
son client lui écrit « (…) il ne me déplairait même pas d’être condamné à mort.
Le plus terrible des juges c’est le condamné à mort [29] ». En définitive, il bénéficiera d’une amnistie. Après sa mort, sa veuve o昀昀rira en 1961 à son avocat
le moulage de sa main : « cette main sera mon seul honoraire, mais j’écris ce
mot avec un grand H [30] ». Albert Naud interviendra encore dans des procès politiques, comme celui concernant l’enlèvement et l’assassinat de Medhi Ben Barka. Il y fait acquitter le colonel des forces armées marocaines
Ahmed Dlimi, poursuivi pour y avoir participé.
Il défendit tous ceux qui vinrent à lui, en les aimant tous, avec leurs défauts
et leur médiocrité. C’est le cas de Lucien Léger dit « l’étrangleur », meurtrier
d’enfant, en 1966. Il passera quarante ans derrière les barreaux. Sa tête sauvée, il restera fidèle à son avocat. Ce dernier mettra ses dons d’orateur, notamment, au service d’Henri Charrière, dit « Papillon », de Michel Watrin,
jeune assassin des chau昀昀eurs de taxi qui fut exécuté, ou
Il défendit tous ceux encore de Marc Fleurot, un ingénieur major de l’École cenqui vinrent à lui, trale accusé d’avoir assassiné son riche beau-père. Bernaud, le sorcier assassin fera appel à lui, ainsi que, dans
en les aimant tous avec un autre registre, plus crapuleux, Marcel Francisci et de
leurs défauts manière plus cocasse, Jacques Bourin, Président de la Réet leur médiocrité publique Farfelue de Fresnes indivisible. En revanche,
Maître Naud assistera démuni au drame de Gabrielle Russier, professeur de lettres, qui se suicidera après avoir été condamnée pour
avoir eu une relation amoureuse avec l’un de ses élèves de 16 ans [31].
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