Fragonard - Marguerite Gérard. Une révélation, des propositions. Exposition mars 2025 - Catalogue - Page 106
Réflexions sur le parcours singulier de Marguerite Gérard
ill. 26 :
à gauche : détail ill. E (La Danse) ;
au centre : détail ill. A (Le Marchand d'estampes) ;
à droite : Marguerite Gérard, Portrait de deux musiciennes (détail),
huile sur papier marou昀é sur toile, 21,5 x 15,9 cm, collection particulière.
D
50
ans La Danse (ill. E), la
scène prend place dans un
pavillon aux baies largement
ouvertes sur un parc. À gauche, une
jeune )lle en robe blanche, tournée
de trois quarts vers la droite, le visage
de pro)l, tient sa jupe dans ses mains.
Le pied gauche en avant, elle exécute
un pas de danse. Un maître à danser
habillé à la mode du 73iie siècle lui
indique la mesure avec l’archet d’un
violon qu’il tient de la main droite.
Une demi-douzaine de personnages,
assis ou debout dans le fond, les
observent. Parmi eux, on distingue
une jeune femme accoudée à une
table, un feuillet de musique à la main,
et dans le coin, en bas à droite, deux
petits chiens. Cette œuvre, qui renvoie
par son sujet aux scènes galantes de
Watteau, est teintée d’une indéniable
nostalgie d’un passé disparu.
L’esquisse a appartenu à
Charles Camille Groult (1832-1910),
célèbre industriel et collectionneur de
tableaux, pastels et dessins français
du 73iiie siècle, avant d’être acquise
par la galerie Cailleux, où elle était
répertoriée comme de la main de
Marguerite Gérard mais considérée
comme un travail de collaboration47.
Elle a été exposée à trois reprises entre
1926 et 1948 et incluse dans le corpus
des œuvres de Marguerite Gérard
par Sally Wells-Robertson en 1978,
puis par Carole Blumenfeld en 2019.
47. Fonds Marianne-Roland Michel, dossier 157 et 158
de la galerie Cailleux, documentation du musée du Petit
Palais : « On admet que, dans beaucoup de ses petits
tableaux, Marguerite Gérard a été guidée et aidée par son
beau-frère Fragonard. Celui-ci nous semble un de ceux
où cette hypothèse est tout particulièrement justi)ée et
nous pensons qu’il est, plus que bien d’autres, le fruit
d’une collaboration entre le vieux maître de Grasse et de
sa jeune belle-sœur. »